En cette année 2025 marquée par une « baisse significative » des aides publiques à la culture, l'association Le Basque et la Plume, portée par Pierre Casamitjana, illustre la transformation nécessaire des acteurs culturels et littéraires.
« Quand on organise aujourd'hui un projet dans l'univers de l'édition, on est de plus en plus obligé de devenir une association entrepreneuriale », explique à Livres Hebdo le président bénévole.
Une diversification des ressources indispensable
Le concours littéraire, qui en est à sa 3e édition, repose sur un concept original : solliciter des textes évoquant les Fêtes de Bayonne, événement connu internationalement qui attire « 1,3 million » de personnes chaque année.
Malgré la notoriété grandissante du projet et la qualité reconnue des textes reçus, comme en témoigne la présence au jury de personnalités telles que Florence Delay, Francis Marmande ou Frédéric Beigbeder, le modèle économique a dû évoluer face aux restrictions budgétaires.

« Les aides publiques sont toutes divisées par deux, supprimées ou fortement limitées », constate Pierre Casamitjana. Pour un budget annuel d'environ 70 000 euros permettant la publication de deux livres par an, l'association a mis en place plusieurs stratégies. D’abord un schéma de coédition avec les trois collaborateurs des éditions Atlantica basé sur « le partage des pertes et des bénéfices », puis la commercialisation de livres au format poche préfinancés par du mécénat, et enfin une diversification des canaux de distribution.
« On vend beaucoup dans les points presse et la grande distribution, ça fonctionne très bien », indique le président, qui cite 3 500 exemplaires écoulés pour la première édition dans un « Sud-Ouest large », notamment à Bordeaux. La performance en librairie est plus modeste, l'association se heurtant à l'abondance de l'offre éditoriale. « Elle est tellement dingue que pour faire sa place... je suis en train de visiter les librairies du 64, du 65 et du 40 quasiment une par une pour être un peu sur le dessus de la pile », témoigne le Bayonnais.
Des événements transformés en ressources
L'association, qui ne compte que « trois bénévoles actifs », multiplie également les initiatives génératrices de revenus. En plus de l’édition d’un format poche, la présentation du prochain recueil Bayonne est une fête, qui comptera un texte de Marie Darrieussecq, est ainsi programmée le 22 octobre au Théâtre de Bayonne. « C'est essayer de réserver un théâtre, de créer des entrées payantes et un événementiel, une fois de plus, pour trouver des ressources », détaille Pierre Casamitjana, citant également des partenariats avec les entreprises locales qui peuvent offrir le livre comme cadeau d'entreprise pendant les fêtes.
Si certaines activités comme les ateliers d'écriture dans les lycées ne génèrent pas de profit, « car nous ne sommes pas éligibles à la partie collective du pass Culture », l'association persévère, consciente du potentiel de rayonnement de son concept. « On reçoit des textes du monde entier, d'Argentine, de New York, de Kinshasa », s'enthousiasme le président.
D’autant que la notoriété des Fêtes de Bayonne constitue un atout majeur. « Si on fait un sondage auprès des Français, tous connaissent les fêtes de Bayonne, peut-être plus qu'une marque comme Hermès », est convaincu le diplômé d’HEC, par ailleurs consultant en stratégie de développement.
Malgré les défis financiers et logistiques, Pierre Casamitjana confirme la poursuite du projet, dont l’appel aux textes pour figurer dans le 3e volume à paraître en fin d’année court jusqu’au 9 juin. Une résilience emblématique d'un secteur culturel contraint de réinventer ses modèles face au désengagement financier public.