24 avril > Essai France

Alexei Grinbaum- Photo DR

Quelqu’un vous parle. Vous écoutez, mais vous ne saisissez pas tout. Pourtant quelques phrases sonnent comme des sentences. "Les mathématiques appartiennent de droit à la vie contemplative." La personne qui s’exprime n’est ni sage ni poète. C’est un physicien qui fait de la philosophie. Autant dire un farfelu qui va chercher midi à quatorze heures. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit du monde quantique où le vrai est l’image du probable.

Alexei Grinbaum aime les penseurs anciens et les formules. Il parle de sortir de la mécanique quantique pour mieux y entrer, pour mieux imaginer quelque chose "de plus terrifiant et plus ptérodactyle qu’elle". Ce chercheur originaire de Saint-Pétersbourg travaille aujourd’hui au Laboratoire des recherches sur les sciences de la matière (Larsim) dirigé par Etienne Klein au Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

Son défi, dans ce texte dense et poétique, est d’initier le lecteur à la révolution de l’information quantique en prenant exemple dans le couple, le sentiment amoureux, la théologie orthodoxe de Jean Damascène sur la nature divine ou la découpe du pain.

Sous sa plume, la mécanique quantique devient une Mécanique des étreintes, une philosophie des passions bizarres pour des attracteurs étranges. Ce petit livre est délicieusement confondant, comme son titre. Tout comprendre est rassurant, mais ne pas tout comprendre est excitant. C’est ce mystère-là qu’Alexei Grinbaum nous dévoile avec une vraie sensibilité et une appétence pour la vulgarisation. C’est sa façon à lui de retisser les liens distendus entre physique et métaphysique.

L. L.

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