Le congrès de l'UIE à Séoul (2) : un incident chinois

Yang Deyan, Association des éditeurs de Chine © FP

Le congrès de l'UIE à Séoul (2) : un incident chinois

La question de l'adhésion de la Chine à l'Union internationale des éditeurs a failli provoquer un incident au 28e congrès qui faisait le point, le 13 mai dans la capitale de Corée du Sud, sur les problèmes de liberté de publication et sur les défis d'avenir de l'édition en Asie.

Par Fabrice Piault,
avec fp Créé le 15.04.2015 à 21h52

Invité à s'exprimer officiellement pour la première fois, mardi 13 mai, au 28e congrès de l'Union internationale des éditeurs, le vice-président de l'Association des éditeurs de Chine a failli provoquer un incident en insistant très fortement devant l'ensemble des participants sur la volonté de son association de devenir membre de l'UIE « dès que possible ».

Yang Deyan a assuré que son association « non gouvernementale » comprend « des librairies privées en ligne et des grossistes de taille moyenne » et que la Chine « a tenu toutes ses promesses », obligeant la présidente de l'UIE, l'Argentine Ana Maria Cabanellas, à préciser que l'organisation internationale était fondée sur les « trois principes » de la protection du copyright, de la promotion de la liberté d'expression et de publication et de la promotion de la liberté d'entreprise dans l'édition.

« J'espère bien voir avant ma mort l'association des éditeurs chinois adhérer à l'UIE, mais il est clair que ce ne sera pas possible avant l'issue de mon mandat à la fin de l'année », s'est exclamée Ana Maria Cabanellas en rappelant que des échanges entre l'UIE et l'association chinoise se poursuivaient de longue date.

Le malaise s'est ensuite installé lorsque Yang Deyan n'a pu répondre précisément à l'interpellation d'un éditeur bosniaque lui demandant s'il était prêt à accepter les trois principes de base de l'UIE.

« Nous avions prévenu l'Association des éditeurs de Chine des risques qu'il y aurait à porter devant l'ensemble du congrès un débat qui doit maturer en comité restreint », indique-t-on à la direction de l'UIE, où l'on note que, malgré le développement des « ateliers culturels » privés, l'édition chinoise reste officiellement une édition d'Etat, et que l'association des éditeurs ne combat pas la censure.

La controverse est intervenue après que, au lendemain de l'inauguration du congrès par le président de la République de Corée, Lee Myung-Bak, les participants se sont penchés sur « la liberté de publier en Asie ».

Au nom du Pen Club, le Norvégien Anders Heger a fait l'inventaire des stratégies de harcèlement, des lois discriminatoires, des meurtres et des peines d'emprisonnement de longue durée visant les auteurs dans plusieurs pays d'Asie au premier rang desquels la Chine et la Birmanie.

La responsable du bureau de l'édition allemande à Pékin, Jing Bartz, a décrit les contraintes du contrôle des numéros d'ISBN par l'édition d'Etat pour le développement des ateliers culturels privés en Chine.

Des éditeurs birman et vietnamien, mais aussi thaï ont décrit les problèmes souvent dramatiques qu'ils rencontrent dans leurs pays respectifs.

Une autre session s'est concentrée sur l'avenir et les défis posés à l'édition asiatique sur les plans technologique, économique et culturel.

Le congrès de l'UIE, qui s'est également penché le même jour sur les tendances dans l'édition jeunesse et le scolaire, se déroule jusqu'au 15 mai dans la capitale de Corée du Sud.

Le 14 mai s'ouvre parallèlement, jusqu'au 18 mai, la Foire internationale du livre de Séoul dont l'invitée d'honneur est cette année… la Chine.

15.04 2015

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