17 avril > Histoire littéraire états-Unis

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En 1417, Poggio Bracciolini découvre dans le scriptorium d’une abbaye allemande un manuscrit du De natura rerum, du poète latin Lucrèce (98-55 av. Jésus-Christ), que l’on croyait perdu depuis l’Antiquité. Outre ses qualités littéraires, ce poème philosophique, composé de 7 400 hexamètres dactyliques en six chants, allait connaître une diffusion et une postérité aussi vastes que sulfureuses : disciple du philosophe grec Epicure, Lucrèce, en développant sa théorie des atomes qui composent toute chose dans l’univers et l’univers lui-même, remettait en cause l’existence d’un Dieu créateur. Quoi d’étonnant que l’Eglise ait tenté de le faire interdire ? Mais en 1516, trop tard. En un siècle, grâce à celui que l’on appelait Le Pogge, le « mal » était fait : copié et recopié, édité, diffusé, traduit dans toute l’Europe, le De natura rerum a exercé une influence considérable sur les intellectuels et les artistes de la Renaissance, et révolutionné toute l’histoire de la métaphysique occidentale. Parmi ses lecteurs, Machiavel, Thomas More, Giordano Bruno, Botticelli, Léonard de Vinci, Montaigne, puis, plus tard, Shakespeare, Quevedo, Gassendi et bien d’autres. Jusqu’au président des Etats-Unis Thomas Jefferson, qui confia un jour : « Je suis un épicurien. »

Né en Toscane en 1480, dans une famille modeste, Le Pogge, après avoir poursuivi ses études à Florence, puis à Rome, était un érudit, un humaniste, mais aussi un chasseur de manuscrits antiques, doublé d’un copiste de haut vol. C’était aussi un gaillard qui mena une vie dissolue, voyagea beaucoup, en Italie, mais aussi en Suisse, en Allemagne et en Angleterre, toujours dans l’espoir d’y faire des découvertes bibliophiliques - avant de se marier, en 1436 (à 56 ans), et de se fixer à Florence, dont il fut le chancelier, de 1453 à 1458. Auparavant, il fut, à Rome, le secrétaire apostolique de huit papes, dont Jean XXIII, démis et emprisonné par le concile de Constance. Poggio Bracciolini est mort en 1459. La postérité l’a ensuite oublié.

Il méritait l’hommage d’un chercheur comme l’Américain Stephen Greenblatt, professeur à Harvard et spécialiste de Shakespeare, un travail érudit mais très accessible qui rappelle Le nom de la rose. La critique anglo-saxonne ne s’y est pas trompée : Quattrocento, qui est un peu le livre de Pogge, a obtenu le National Book Award 2011 et le prix Pulitzer 2012. J.-C. P.

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