21 août > Essai France > Michel Serres

Michel Serres ne supporte plus ce sens du déclin chez quelques vieux ronchons qui lancent à tout propos le fameux "c’était mieux avant" comme si leur passé relevait d’un pays de cocagne. Le philosophe, avec son savoir malicieux, est allé y voir de plus près.

En amorce de son bilan d’expert, il cite tout à trac Hitler, Staline, Mussolini, Franco, Mao, Pol Pot. Entre Shoah, Goulag et crimes d’Etat, le mal du pays d’avant s’est vite dissipé. Ensuite, sur les civilisations qui tombent, il rappelle une évidence. On ne chute que de haut. C’est l’excès de grandeur et non de petitesse qui est responsable de l’effondrement. Quant aux maladies qu’on ne soignait pas, les fièvres, le manque d’hygiène et la misère, inutile, nous dit l’académicien, de s’attarder sur ce bon temps fantasmé.

Sans optimisme béat, il s’agit d’un petit texte qui provoque un soupir de soulagement. Il convoque de nouveau Petite Poucette (Le Pommier, 2012, 250 000 exemplaires vendus), cette jeune fille de la nouvelle génération qui communique avec le monde via son pouce et son téléphone portable. Michel Serres connaît suffisamment l’histoire des sciences et l’histoire tout court pour ne pas se faire d’illusion. Si aujourd’hui est loin d’être parfait, hier ne fut pas le paradis. Et il ne tient qu’à nous que le futur ne soit pas un enfer. C’est du bon sens, mais cela mérite quelquefois d’être rappelé. L. L.

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