16 AOÛT - ROMAN France

Le narrateur de l'intrigant troisième roman de Mohamed Boudjedra, se prétend "le champion des coïncidences". Architecte qui a dispensé son art dans des séminaires, veuf qui a été suspecté d'avoir assassiné sa femme et cherche à se refaire, ce curieux personnage doit pour l'heure convaincre un chasseur de têtes. Il a répondu à une annonce recherchant une personne capable de bâtir "un Monde-Miroir des Etres Humains". Soit un "architecte des coïncidences". Quelqu'un pouvant dessiner "une maison qui décide de votre avenir en vous débarrassant de toutes vos frustrations existentielles. Qui décide de votre bonheur".

Pour sa défunte épouse, une sculptrice, le héros du Parti des coïncidences a jadis construit une maison, parc André-Malraux, chasse gardée des classes huppées. Et aussi une autre, identique, située juste en face, destinée à son vieil ami Dan. Un "acheteur-vendeur" très sollicité qu'il connaît depuis leur enfance dans le même bidonville. Face au chasseur de têtes, l'architecte explique petit à petit sa manière de procéder. L'entretien tourne à l'interrogatoire puis à la confession. Le rythme change, se fait peu à peu plus élégiaque.

Les souvenirs ressurgissent. Remontent à la surface l'été 1968 ; Angèle Lionne, "Diane callipyge" ; Paul Orlandi, le rival ; un père qui a participé à la construction d'un barrage hydraulique dans les Cévennes ; des balades dans Paris, "ville d'amnésie".

On ne sera pas surpris d'apprendre que l'homme qui a écrit ces pages hypnotiques est lui aussi né à Oran, architecte féru d'urbanisme et de paysages. Après Barbès-Palace (Le Rocher, 1993) et Le directeur des promenades (Le Rocher, 2002), le trop rare Mohamed Boudjedra continue ici de se pencher sur le mystère des façades et des lieux parisiens. Fascinant jeu de miroirs, son étonnant Parti des coïncidences appelle l'adhésion.

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