Louis passe son temps à ne rien faire. Ou, plus exactement, il pèse son temps à ne rien faire. C’est un peseur frénétique, un collectionneur de balances en tous genres, un recordman des TOC. Il a même inventé un bidule dont le brevet, vendu fort cher, lui permet de vivre de ses rentes jusqu’à sa mort, et largement. Mais sa femme, Anna, ne l’entend pas de cette oreille. Toute petite-bourgeoise affreusement raisonnable, elle bosse et interdit à son mari d’exaucer ses rêves : afin de ne pas faire jaser, d’éviter tous les parasites, ils continuent de vivre dans leur appartement minable, de rouler dans leur vieille bagnole, de manger du jambon et du gruyère dans leur cuisine, devant la télé. Et de ne pas faire l’amour. Ils n’ont même pas d’enfant.
Aussi, un jour, quand Louis hérite de son père l’Ubiq, invention de son propre grand-père, un appareil qui permet de se dédoubler, de se téléporter où l’on veut, de faire n’importe quoi et de prendre la poudre d’escampette, ni vu ni connu, il commence à rattraper le temps perdu, à s’éclater. Sorties avec ses potes, restos, théâtre, petits voyages, achat d’une Ferrari, menus larcins, son moi 2 se permet toutes les fantaisies, tandis que son moi 1 est toujours le même avec bobonne. Pas vraiment, en fait : Anna commence de le "sentir ailleurs". Louis va crescendo. Son but, c’est "forniquer". Et il s’y prend bien mal. Il multiplie les fiascos, picole, frôle la folie… Jusqu’à se mettre en tête de retrouver Cécile, son béguin de jeunesse, pharmacienne au Touquet, ou Hortense, avec qui il a fait l’amour, une fois.
Elle risque de mal finir, cette fable moderne sur le bonheur et ses limites, la vie banale et ses frustrations. Louis, c’est un peu "l’espadon dans une baignoire" de Souchon. Il ferait un héros de comédie épatant. J.-C. P.
