Laurent Mauvignier, lauréat du prix Goncourt 2025 chez Drouant - Photo Olivier Dion
Le prix Goncourt 2025 pour Laurent Mauvignier
Avec son roman La maison vide (Minuit), Laurent Mauvignier obtient le prix Goncourt 2025 au premier tour de scrutin avec 6 voix contre 4 voix pour Caroline Lamarche.
Ce mardi 4 novembre, le jury du prix Goncourt s’est réuni, ainsi que le veut la tradition, au restaurant Drouant à Paris, pour élire le Goncourt 2025. Les académiciens ont distingué Laurent Mauvignier pour La maison vide, paru aux éditions de Minuit. Écoulé à près de 82 000 exemplaires, ce récit de destins courbés par le poids de l’héritage familial a déjà été couronné du prix littéraire Le Monde, du prix Landerneau des lecteurs ainsi que du prix des libraires de Nancy - Le Point.
Laurent Mauvignier l'emporte devant les trois autres finalistes Emmanuel Carrère pour Kolkhoze (P.O.L), Caroline Lamarche pour Le Bel Obscur (Seuil) et Nathacha Appanah pour La nuit au cœur (Gallimard) récompensée le 3 novembre du prix Femina.
« La maison vide est le grand œuvre de Laurent Mauvignier, qui porte tous les thèmes de l'écrivain : la violence des passions, de la guerre - la Première Guerre mondiale, la Deuxième, la guerre d'Algérie -, qui aura défait chaque génération d'hommes jusqu'à son père »,écrivait fin août notre collaborateur Sean Rose.
Enfance et destin
Fresque familiale étendue sur quelque 750 pages, La maison vide retient le lecteur captif, retraçant le destin de trois générations de femmes qui survivent à la grande Histoire, comme à la leur. L’occasion aussi, pour Laurent Mauvignier, de convoquer celles et ceux qui ont peuplé son enfance, ce lieu-refuge déjà convoqué dans son œuvre précédente, Histoires de la nuit (Minuit), en dépit de l’ombre laissée par son père, disparu en 1976, lorsque l’auteur n’avait pas encore dix ans.
Né en 1967, dans une famille ouvrière installée en Touraine, Laurent Mauvignier intègre l’École des Beaux-Arts de Tours à 17 ans, obtenant son diplôme en arts plastiques en 1991. Huit ans plus tard, il publie son premier roman, Loin d’eux (Minuit), distingué du prix Fénéon l’année suivante. Dès lors, l’ensemble de ses fictions sera publié au sein de la maison, entrée dans le giron du groupe Madrigall en 2021.
Deuxième roman de l’écrivain, Apprendre à finir (2000) obtient le prix Wepler, le prix du Livre Inter ainsi que le prix du deuxième roman. En 2006, Laurent Mauvignier se penche sur le drame du Heysel survenu en Belgique en 1985, dont il tire Dans la foule, qui, salué pour son rythme haletant, obtient le prix du roman Fnac. Trois ans plus tard, l’auteur continue de surprendre la critique avec Des hommes, récit du souvenir des atrocités de la guerre d’Algérie. En 2020, l’ouvrage est porté au grand écran par le réalisateur Lucas Belvaux.
À la croisée des arts
Cette incursion vers les autres arts se poursuit en 2015, lorsque Laurent Mauvignier s’essaye au théâtre avec la pièce Retour à Berratham, écrite pour le chorégraphe et directeur du Pavillon Noir, Angelin Preljocaj. Jouée lors du festival d’Avignon, la pièce reçoit en 2016 le prix Emile-Augier, remis par l’Académie française.
Plus récemment, ses ouvrages Autour du monde (2014), Continuer (2016) et Histoires de la nuit (2020), également tous publiés chez Minuit, ont respectivement été couronnés du prix Amerigo-Vespucci, du prix Culture et bibliothèques pour tous ainsi que du prix Répliques. Couronné du Grand prix de littérature de la SGDL en 2015 pour l’ensemble de son œuvre, Laurent Mauvignier a également été nommé, deux ans plus tard, officier de l’ordre des Arts et des Lettres.
Mémoires de la véranda de Danièle Saint-Bois, dernier roman des éditions Mialet-Barrault avant leur fermeture définitive, paraît le 5 novembre, cinq ans après la création de la marque chez Flammarion par Betty Mialet et Bernard Barrault.