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Le spécialiste de l'Art Brut Laurent Danchin est mort

Laurent Danchin - Photo copie d'cran/tvfil78

Le spécialiste de l'Art Brut Laurent Danchin est mort

Critique d'art et essayiste, Laurent Danchin est mort à l'âge de 70 ans. "Il a permis de faire connaître l'Art Brut" rappelle Martine Lusardy, directrice de la Halle Saint Pierre, où il a été commissaire et membre du conseil d'administration.

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Par Vincy Thomas,
Créé le 13.01.2017 à 18h22

Laurent Danchin, critique d'art et essayiste, spécialiste de l'art brut en France, a succombé à un cancer le 10 janvier 2017 à Paris. Il avait 70 ans.

Né le 1er octobre 1946 à Besançon, agrégé de lettres et ancien élève de l'Ecole normale supérieure, Laurent Danchin préférait enseigner dans un lycée de Nanterre que de devenir professeur d'université. "Sa mission était d'accompagner et donner du sens pour ouvrir les yeux de ses élèves" explique à Livres Hebdo Martine Lusardy, directrice de la Halle Saint Pierre, lieu d'exposition parisien consacré à l'Art Brut, dont il a été membre du conseil d'administration et commissaire de quelques expositions.
"Il a permis de faire connaître l'Art Brut. C'était le premier à dire que cet art a été d'abord révélé et collectionné par des artistes, comme Dubuffet" précise-t-elle. "Il a occupé cette place de messager entre des artistes souffrant du manque de reconnaissance et un public qui ignorait leur art".

Bibliographie

Défricheur et défenseur des arts singuliers et marginaux, qui se situaient à l'écart des circuits marchands et de l'esthétique issue des beaux-arts, Laurent Danchin a effectué tout au long de sa vie un "travail militant", avec "enthousiasme", "toujours prêt à partager et transmettre sa passion" rappelle Martine Lusardy. En 1988, il publie un essai historique sur Jean Dubuffet (La Manufacture), premier théoricien de l'Art Brut et inventeur de l'Hourloupe. Suivront Jean Dubuffet: peintre-philosophe (Amateur, 2001) et Jean Dubuffet (Terrail, 2001). Il s'intéressera aussi au Zaïrois Franck K. Lundangi, peintre (Ed. de l'Œil, 2003).

En 1995, il est l'auteur avec Michel Thévoz d'un beau livre paru à La Différence, Art brut et compagnie: la face cachée de l'art contemporain, qui décrit le parcours de ce style artistique depuis 1945. Quatre ans plus tard, il publie un essai manifeste, L'art contemporain, et après... (Phénix) où il refuse que l'art officiel s'arroge le droit de décider ce qui est contemporain et ce qui ne l'est pas. Dans Art brut: l'instinct créateur (Gallimard "Découvertes", 2006), il retrace l'histoire de ce mouvement devenu populaire et ayant sa place dans les grands musées depuis une quinzaine d'années. Son ouvrage le plus récent sur le sujet, Aux frontières de l'art brut, un parcours dans l'art des marges, offre un panorama composé d'articles, d'essais, de comptes rendus d'expositions (Lelivredart, 2014).

Laurent Danchin a également écrit Méditation sur le pont Charles, illustré par Davor Vrankic (Lelivredart), un éloge à la tolérance édité en juin 2016 et Artaud et l'asile (avec André Roumieux, chez Séguier, 2015). Il avait par ailleurs préfacé et annoté la première version en deux volumes de cet ouvrage chez le même éditeur en 1996.

Commissaire à la Halle Saint Pierre des expositions "L’art brut et la face cachée de l’art contemporain" en 1995, "Art outsider et Folk Art des musées de Chicago" en 1998 et de la rétrospective dédiée à "Chomo" en 2010, il avait fondé, avec Jean-Luc Giraud, l’association Mycelium, très active dans la défense des formes de création autrefois ignorées et dorénavant reconnues. Il a aussi été conseiller et conférencier dans de nombreuses manifestations en plus d'être le correspondant en France dans les années 1990 de la prestigieuse revue britannique Raw Vision

L'art brut était pour lui "l'essence même de la création et l'expression de notre humanité" comme nous l'a rappelé Martine Lusardy.
 
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