3 JANVIER - PREMIER ROMAN Etats-Unis

Gallmeister maintient le cap. Après avoir publié à la rentrée dernière dans sa collection "Nature writing" le très réussi deuxième opus de Ron Carlson, Cinq ciels, voici que l'éditeur inscrit à son catalogue un premier roman déjà très impressionnant de maîtrise. Celui de Lance Weller, né en 1965 à Everett, dans l'Etat de Washington.

Wilderness emboîte les histoires et alterne les époques. En 1965, dans une maison de retraite, voici d'abord Jane Dao-ming Poole. Une vieille femme dont le mari a disparu en mer cinquante ans plus tôt alors qu'il pêchait la baleine à la façon traditionnelle des Makahs. La pauvre a eu la main droite mutilée et des doigts qui ont gelé en même temps que ses yeux lors d'un hiver lointain de sa jeunesse.

Jane est submergée par les souvenirs. Elle repense à son premier père qui la portait dans la neige quand elle était petite. A son deuxième père qui l'a sauvée et lui a donné "la vision pour remplacer la vue". A son troisième père enfin, qui l'a adoptée et lui a enseigné ce qu'elle devait savoir pour survivre dans "un monde doté de lavue". Le deuxième père, Abel Truman, se trouve être au coeur du roman.

Le lecteur remonte d'abord jusqu'en 1899 afin de découvrir un être qui a toujours aimé et défendu les chiens, quitte à en payer le prix. Encore solide, le vieil Abel est assis devant le feu dans un fauteuil à bascule trouvé sur le rivage par une belle journée de printemps et qu'il a retapé ensuite. Abel a pour compagnons la rivière et un animal "moitié labrador et moitié autre chose". Des années plus tôt, il a fait la guerre et a été blessé au bras gauche pendant la bataille de la Wilderness, la forêt du comté de Spotsylvania, "la plus inextricable, la plus sombre et la plus sinistre que les hommes eussent jamais vue".

Lance Weller est d'évidence un peintre subtil de l'ombre et de la lumière, des blessures enfouies, des souvenirs que l'on n'oublie jamais. Son coup d'essai est à découvrir séance tenante.

Les dernières
actualités