Rentrée littéraire 2021

Léa Chauvel-Lévy, «Simone» (Les Éditions de l'Observatoire) : Simone, c'est elle

Léa-Chauvel Lévy - Photo © Audrey Dufer

Léa Chauvel-Lévy, «Simone» (Les Éditions de l'Observatoire) : Simone, c'est elle

Léa Chauvel-Lévy livre un récit joliment romancé sur la première épouse d'André Breton, Simone Kahn.

J’achète l’article 1.5 €

Par Olivier Mony,
Créé le 15.08.2021 à 12h30

C'est l'histoire d'une fille qui voulait écrire un roman. Elle n'est pas la seule, mais avec une mère journaliste, un père grand bibliophile et une enfance et une jeunesse bercées par les livres... Seulement, il y a loin de la coupe aux lèvres, du désir à sa réalisation. Un livre oui, mais lequel ? Quelle histoire qui puisse engendrer en elle un écho tel qu'elle ose enfin se lancer ? Une rencontre, une figure, vont amener à Léa Chauvel-Lévy, 38 ans, la réponse à ces questions. Cette commissaire d'exposition considérée aujourd'hui parmi les figures majeures de l'art contemporain en France, déjeune un jour avec un galeriste. Celui-ci lui apprend que sa grand-mère Simone Kahn, galeriste elle aussi, admiratrice de Picabia ou Ernst, était la première épouse d'André Breton. Léa, guère versée pourtant dans les aventures du dadaïsme et du surréalisme, lectrice de Zweig, Tourgueniev, Morand, Cohen, Gary ou Sagan, aperçoit tout de même là une fenêtre qui peut la mener à cette fiction tant désirée. Elle rencontre la fille de Simone, Sylvie, une psychanalyste qui l'encourage dans son projet (et ne cessera de le faire) et prend, à rebours des gardiens du temple bretoniens, le parti pris de la fiction. Mais aussi celui de la vérité, car elle ne veut pas trahir par le roman. Elle s'en sort à travers l'allégresse de l'écriture et en amenant à elle son sujet. Elle dit joliment : « Je lui ai donné un peu de ma chair. »

Revenons en arrière. Léa Chauvel-Lévy, enfant de la balle culturelle, a fait hypokhâgne, khâgne, des études en philosophie politique et éthique à la Sorbonne, à Rome puis à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS). Après quoi, guère tentée par l'enseignement, la voilà journaliste pour différentes publications généralistes ou non, spécialisée dans le domaine des arts. Bientôt, passer un peu temps avec les artistes ne lui suffit plus. Elle devient commissaire d'expositions et directrice artistique. Elle dirige également aujourd'hui les résidences d'artistes pour le groupe LVMH. Elle parle de Marc Desgrandchamps, Jules de Balincourt, Thomas Hauser, Annette Messager, Christian Boltanski ou Bernard Frize comme de cousins éloignés et tout de même passionnément aimés.
 

Alors malgré tout, Dada et ce qui s'ensuit, pourquoi pas ? « Ce que j'aime dans les mouvements artistiques, c'est d'abord la fracture, passer du connu à l'inconnu. J'ai réalisé que les surréalistes étaient les enfants joyeux de la tragédie de la Grande Guerre. J'ai aimé leur folie, leur liberté, leur réaction à la guerre par l'art et les mots. Et puis aussi le fait que Breton au fond, était plus amoureux de la rencontre que des femmes elles-mêmes. » Désormais, quoi qu'il en soit, le pli semble pris. Léa ne veut plus cesser d'écrire, attend déjà que vienne à elle le sujet du prochain livre, mais entend d'abord profiter pleinement de la sortie de celui-ci. Elle est fière qu'il soit publié à l'Observatoire, maison dont elle connaît et apprécie le travail éditorial. « Ce temps d'avant, avant la sortie du livre, est très confortable. Je n'ai rien à attendre, tout à espérer. Me laisser aller aussi, c'est vrai, à la fierté et à l'émotion. » En revanche, nous, lecteurs, attendons déjà beaucoup de Léa Chauvel-Lévy.

Léa Chauvel-Lévy
Simone
Éditions de l’Observatoire
Tirage: 5 100 ex.
Prix: 18 € ; 192 p.
ISBN: 9791032921241

Les dernières
actualités