
Un budget en réduction constante (moins 15 % par an depuis 2010), une équipe diminuée de 10 % rien que pour la période 2010-2011 (un tiers du personnel aurait été supprimé au cours de la dernière décennie) : comme les autres bibliothèques du pays, la British Library connaît depuis plusieurs années un sérieux régime d'austérité. En janvier 2007, alors que la British Library perdait déjà 7 % de son budget, le grand quotidien The Independent alertait sur les terribles conséquences envisageables : réduction des horaires d'ouverture, instauration d'un accès payant aux salles de lecture, disparition des expositions, et même des programmes éducatifs ! Or le scénario catastrophe ne s'est pas réalisé : non seulement les horaires ont été préservés, de même que la gratuité, mais la British Library a lancé d'importants programmes de numérisation de ses collections et a développé de nouveaux services, et elle joue un rôle de premier plan à l'échelle internationale, notamment en ce qui concerne la conservation des données numériques. "Nous sommes dans une constante recherche d'une meilleure efficacité", nous explique Ben Sanderson, responsable de la communication, lors de notre visite. Ce jour-là, comme souvent, les salles de lecture et la mezzanine où les visiteurs peuvent s'installer librement avec leur portable et utiliser le Wi-Fi sont très fréquentées. "Nous arrivons parfois à saturation, bien que nous ayons récemment augmenté le nombre de places assises, nous indique notre guide. Nous proposons aux lecteurs de les avertir par Twitter quand les salles de lecture sont pleines."
Optimiser ses services en développant l'accès à distance aux collections est l'un des grands chantiers de la British Library. En corollaire, la recherche de partenariats privés pour financer les nécessaires opérations de numérisation occupe une place importante, comme celui établi avec l'éditeur en ligne Brightsolid pour ouvrir en novembre 2010 un site donnant accès à 4 millions de pages numérisées de journaux des XIXe et XVIIIe siècles, et au risque de provoquer parfois des remous, comme lorsqu'elle a intégré des liens vers Amazon depuis son catalogue (1). A la mi-mars, c'est avec le concours de la société américaine Bibliolabs que la British Library a lancé une application permettant de consulter sur smartphones et iPad 60 000 livres du XIXe siècle (numérisés en partenariat avec Microsoft). Recentrer sur deux sites ses collections et ses services, aujourd'hui dispersés, est le deuxième axe prioritaire de l'institution. En février dernier s'est achevé le transfert de 7 millions de documents (200 kilomètres de linéaires) depuis la bibliothèque de Saint-Pancras et autres lieux de stockage vers le très high-tech centre de conservation de longue durée, ouvert en décembre 2009 à Boston Spa, au nord de Londres. La prochaine étape est l'ouverture prévue au même endroit, à l'été 2013, d'un espace consacré à la conservation des revues, pour un budget estimé à 33 millions de livres sterling. A l'été 2012, la directrice générale de la British Library, Lynne Brindley, en poste depuis 2000, quittera ses fonctions. Malgré les réussites, les défis qui attendent son successeur seront nombreux.
(1) Voir l'article "La British Library critiquée pour le lien vers Amazon donné depuis son catalogue", Livreshebdo.fr, du 14 octobre 2011.