9 FÉVRIER - ROMAN France

Le narrateur de Cérémonie est un fils. Un fils qui a offert à sa mère malade un stylo en or et un carnet de moleskine noire, afin qu'elle puisse noter "des choses, des impressions surtout". Elle s'y est mise, mais a continué à décliner, peinant bientôt à mener à bien son projet.

Bertrand Schefer- Photo CLAIRE MATHON/P.O.L

Un mois de janvier, le fils est entré avec un ami - un ami de longue date, un vieux compagnon de beuverie qui écrit des chroniques musicales et rêve d'écrire autre chose, de devenir "écrivain à part entière" - dans une boutique près du Luxembourg. Il y a acheté un costume prince-de-galles trop léger pour la saison sans regarder le prix, tendant juste sa carte bancaire à la caissière.

L'argent n'est pas un problème puisque ce n'est pas le sien. L'argent, il l'a eu après "quarante-cinq minutes de discussion et de papiers à remplir dans un bureau en préfabriqué au premier étage d'une agence bancaire"...

Plus loin, le voici dans une maison près de Paris. Une maison où l'on se rend en train et où l'on entend justement le bruit des trains. Il y a du vin et des chips, des silences, des souvenirs et des conversations. Un frère, un oncle, une cousine. On lira encore ici le récit d'une errance romaine et d'un retour en train de nuit.

Philosophe de formation, traducteur de l'intégrale du Zibaldone de Giacomo Leopardi (Allia, 2003), déjà auteur d'un premier livre de fiction, L'âge d'or (Allia, 2008) et également coréalisateur du film En ville avec Valérie Mréjen, Bertrand Schefer entre aujourd'hui au catalogue de P.O.L avec un texte tout en retenue. Le très beau Cérémonie est pourtant plein comme un oeuf. Gorgé d'émotion en creux, dense en intériorité, riche en images marquantes.

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