"On est presque hors sujet puisqu’on n’édite pas en couple", préviennent d’emblée, mais tout sourire, les deux éditeurs. De fait, au sein du Groupe du 27, Laurent Beccaria et Sophie de Sivry sont chacun à la tête de leur propre entreprise même si elles ont été lancées presque simultanément, il y a près de vingt ans, alors qu’ils étaient déjà "amoureux et éditeurs". Deux maisons nées dans deux chambres d’étudiant aussi distinctes que leurs lignes éditoriales. Les Arènes pour lui en 1997, L’Iconoclaste pour elle en 1998, réunies depuis avec Rollin Publications dans le Groupe du 27 détenu par la holding BSA (Beccaria, Sivry et associés), dont ils sont tous deux actionnaires.
"Nous avons choisi cette structure commune pour des raisons pratiques, mais notre objectif n’a jamais été de travailler ensemble", insiste Laurent Beccaria qui compare leur mode de fonctionnement à celui d’un cabinet d’avocats. "On édite chacun de notre côté, on fait nos comptes séparément, mais on partage les frais de structures : loyer, service de presse, etc.", résume Sophie de Sivry.
Cette forme de cohabitation ne les empêche "évidemment" pas de s’apporter "parfois" conseils et avis, mais dans le "cadre du bureau uniquement". "J’ai déjà travaillé dans des maisons familiales et je n’aimais pas cette impression, en tant que salariée, que des choses essentielles soient discutées dans le cadre de l’intimité", explique l’éditrice.
Un cloisonnement qui leur permet aussi de protéger la "si mince" barrière entre vie privée, notamment familiale avec leurs quatre filles, et vie professionnelle. Pour ne pas faire de leur couple "un duo à part dans le groupe", les deux éditeurs ont décidé de traiter les salariés de la même manière qu’ils se traitent entre eux. "Cette liberté (notamment de ton) et cette confiance qu’on aime entre nous, on les a sûrement fait inconsciemment rejaillir sur nos collaborateurs", estime Sophie de Sivry.
D’ailleurs, s’amuse Laurent Beccaria, "c’est troublant, mais le Groupe du 27 est un véritable nid à couples d’éditeurs, qui fonctionnent à peu près comme nous".
