LIVRES

Médiathèque d'Orléans- Photo OLIVIER DION

Les bibliothèques ont connu une telle évolution ces dix dernières années qu'elles méritaient bien qu'un nouveau "Que sais-je ?" leur soit consacré. Après celui de Denis Pallier, écrit en 1997, actualisé depuis et aujourd'hui épuisé, paraît en cette rentrée celui de Pierre Carbone, inspecteur général des bibliothèques. Alors que le livre de son prédécesseur était de nature historique, Pierre Carbone a choisi de faire un état des lieux des bibliothèques et des médiathèques actuelles - nationales, municipales, universitaires, scolaires... -, de les resituer dans l'économie des médias et la société française tout en donnant de nombreux exemples dans le monde entier. "En me pliant à cet exercice de synthèse, explique-t-il, j'ai été frappé de constater la très grande diversité de modèles qui existent aujourd'hui dans le monde. Certes avec les mêmes constantes - le concept d'"Idea stores" pour les bibliothèques publiques, et celui de "Learning center" pour les bibliothèques d'étude...- mais en s'adaptant à chaque fois à l'environnement." Et de citer en exemple les "parcs bibliothèques" en Colombie qui vont bientôt se créer au Brésil, espaces culturels implantés au milieu des faubourgs défavorisés.

L'ouvrage fait une large place à l'identité complexe des bibliothèques qui deviennent, à l'ère du numérique, à la fois des lieux physiques et des sites virtuels. "Les bibliothèques ne se sont jamais figées en conservatoires du passé, >écrit Pierre Carbone, mais elles ont introduit périodiquement les nouveaux supports et moyens de communication. Elles constituent par strates successives la mémoire de la société, sans que les nouveaux médias n'entraînent la disparition totale des médias antérieurs. Quand l'imprimé a dominé, le manuscrit a gardé sa valeur. De même, le livre n'a pas été remplacé par les périodiques, les microfilms, les documents sonores et audiovisuels et les films."

A-t-on besoin pour autant des lieux physiques alors que tout un chacun, sur son ordinateur ou son téléphone mobile, peut interroger et consulter les documents de tous les points du globe ? "Certes, >écrit Pierre Carbone, les publics disposent maintenant de gisements d'information gratuits via les moteurs de recherche, à tel point qu'on a pu parler d'une "bibliothécarisation" du monde." Mais il objecte qu'une part très importante des contenus numériques est protégée par le droit d'auteur et "n'est accessible au meilleur coût que par l'intermédiaire des bibliothèques". D'autre part, loin de supprimer le besoin de fréquentation, le virtuel entraîne d'autres formes d'attentes de la part des publics : "La recherche d'une socialisation et d'une expertise en complément de leur expérience et de leur activité dans les réseaux sociaux."

10.10 2014

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