19 JANVIER - PREMIER ROMAN France

A 25 ans, Bastien Bentejac, une brillante jeune pousse du barreau, voit le ciel lui tomber sur la tête : alors qu'il s'enorgueillissait de sa flamboyante crinière héritée de son défunt père, il devient chauve. Alopécie androgénétique aiguë, diagnostique le médecin. Affolé, il va d'abord voir sur la Toile, où il consulte des forums de discussion. En vain : contre la calvitie génétique, il n'y a rien à faire. Dans un premier temps, Bastien accuse le coup. Il rompt avec sa petite amie, s'enferme chez lui et se rase la boule à zéro. Puis il ressort au bout de deux mois et se rend compte que tout est modifié. Son regard sur lui-même, les autres et la vie en général a changé. Il va s'investir dans Vert de Terre, une ONG écologiste radicale, et devenir une espèce de messie du "peuple chauve ». Il part alors pour le Rajasthan, où se tient, au mont Abu, le énième sommet planétaire consacré au changement climatique et au réchauffement de la planète.

Bastien, afin de "chauver la planète », se lance dans une action terroriste qui va lui valoir les honneurs des médias, une gloire éphémère, mais aussi faire progresser la cause de ceux qu'il défend. Muni d'un masque de Ganesh et d'un revolver en plastique, il prend en otage le prix Nobel de la paix Arnold Gere, ancien vice-président américain recyclé dans l'écologie, et pirate son discours. Répondant à son appel, de toute l'Inde et de partout affluent autour du mont Abu des dizaines de milliers de chauves qui viennent à la fois revendiquer leur droit à l'indifférence, et dénoncer la situation globale du monde. Mêlant la fiction pure, et même l'imagination la plus débridée, avec des éléments autobiographiques et des convictions personnelles - il a le même âge que son héros et travaille dans une ONG impliquée dans la question du changement climatique - Augustin Guilbert-Billetdoux, fils du journaliste Paul Guilbert et de l'écrivaine Marie Billetdoux, a réussi un premier roman original. Ramifié, plein de digressions, porté par une écriture vive et une ironie permanente, Le messie du peuple chauve peut se lire comme une satire écolo-terroriste, une anti-épopée burlesque, mais aussi comme un appel à la tolérance, au rejet des normes que nous dictent la mode, le marché, la société en général. A la fin, Bastien a rempli sa mission, il a retrouvé une copine, et personne ne lui en veut. Désormais, grâce à lui, les chauves sourient.

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