La grande guerre happe les hommes. Les femmes, laissées dans les villages, jouent les suppléantes, s'épuisant dans les champs, les étables et dans l'angoisse de recevoir une funeste nouvelle venue du front. Ce quotidien de paysannes, qui s'étend dans le film de 1915 à 1920, est le sujet du nouveau film de Xavier Beauvois, Les gardiennes. 

Le film sort dans les salles le 6 décembre. Nathalie Baye, Laura Smet, mère et fille à la ville et pour la première fois à l'écran, sont entourées de Cyril Descours, Nicolas Giraud, olivier Rabourdin, et Iris Bry, la véritable révélation de ce drame d'époque. Le scénario est l'adaptation du roman éponyme d'Ernest Pérochon, Prix Goncourt pour Nêne en 1920, enseignant et combattant durant la Première Guerre mondiale. Les Gardiennes était paru en 1924 chez Plon. Le livre vient d'être réédité par la maison d'édition Métive.
 

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Du roman au film, plusieurs changements ont été effectués. Xavier Beauvois a voulu un film assez austère, très épuré, où l'enjeu dramatique, qui prend une autre tournure dans le scénario, ne survient que dans la seconde moitié de sa fiction. Des personnages ne sont plus là et l'action se concentre essentiellement sur Hortense, femme dominatrice et protectrice, et Francine, orpheline, employée et candide. Le fils Norbert et son épouse ont disparu du script, remplacé par un autre fils, Constant, enseignant. Semeuses et soldats s'invitent ainsi dans un paysage évoluant au gré des saisons. 

Car c'est bien le lien terrien et rural qui unit les deux fictions, littéraire et cinématographique, tout comme ce regard sévère et tendre porté par l'auteur comme par le réalisateur sur ces femmes puissantes et patientes.