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L’extase de saint Pascal

Pascal Ory - Photo photo Catherine Hélie © Gallimard

L’extase de saint Pascal

Champion de l’histoire culturelle et spécialiste de bande dessinée, Pascal Ory se raconte dans un récit très personnel où il définit les différentes notions de plaisir.

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Par Sean James Rose
Créé le 20.01.2017 à 00h35 ,
Mis à jour le 20.01.2017 à 11h16

Pascal Ory se définit parfois comme "critique d’art". Et de préciser, facétieux, "du 9e art". Mais le sourire n’est qu’un demi-sourire, qui a pour but de démasquer le snobisme intellectuel des cuistres. Il lit avec grand sérieux les albums de bande dessinée. Pascal Ory, c’est le Monsieur BD du magazine Lire. Son ami tintinologue Pierre Assouline lui avait demandé, à l’époque où il était rédacteur en chef du mensuel, de remplacer au pied levé et provisoirement celui qui tenait la rubrique. "J’ai dit oui et cela fait trente ans que j’y suis", rappelle l’agrégé d’histoire, ancien pensionnaire de la fondation Thiers, à Paris, "la villa Médicis de l’Histoire" où il croisa Antoine Compagnon, Jean-Claude Bonnet ou François Hartog. Il est aussi l’un des auteurs, chez Citadelles & Mazenod, réputé pour ses beaux livres d’art, du volume consacré à la bande dessinée.

Mais le sérieux n’est pas l’esprit de sérieux. Et chez le "quarante-huitard" ("né en 1948, j’ai 20 ans en 68, l’idéal") aux boucles désormais grises mais toujours affublé d’un blazer de cuir noir, look de cinéphile des années 1970, on sent la sympathie fouineuse et l’intelligence en permanence à l’affût. Dans le paysage universitaire français, c’est un éclectique. Pascal Ory se fait tôt le champion de "l’histoire culturelle", spécialité qui tient en égal respect les diverses expressions populaires, de la ritournelle aux comics en passant par les productions hollywoodiennes, et les objets de la haute culture. L’humour n’est pas en reste : l’historien est également "régent" du Collège de Pataphysique, cette faculté dada de l’érudition inutile.

Sensualité

Le petit Pascal était à bonne école, qui eut pour père un journaliste devenu en 1950 le premier grand reporter de Ouest France, à Rennes, dont il dévorait "les articles les plus divers sur les sectes ou les clochards du quartier parisien de Saint-Séverin". "Historia, je le découvrirais plus tard, signifie en grec "enquête"", rappelle l’auteur des Collaborateurs. Mais le rat de bibliothèque est un curieux du monde et de ses plaisirs : d’ailleurs la culture n’est pas incompatible avec la sensualité. Pour preuve : L’extase de sainte Thérèse du Bernin. Dans son nouveau livre Jouir comme une sainte et autres voluptés (Mercure de France), analysant ce chef-d’œuvre de la sculpture baroque, l’historien se livre de manière fort personnelle sur sa propre histoire et décline le plaisir relatif au sexe, à la religion, à l’art et… au savoir.

Sean J. Rose

Pascal Ory, Jouir comme une sainte et autres voluptés, Mercure de France, "Traits et portraits", Prix : 17 €, 184 p., Sortie : 2 février, ISBN : 978-2-7152-4390-3

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