1er octobre > Roman Sénégal

Nous sommes en 2042, à Paris, parc Montsouris. Un homme, noir, est allongé dans l’herbe, se demandant si, considérant sa destinée tragique et souffrant de la prostate, il ne va pas mettre fin à ses jours. Il s’appelle Joseph Diouf, il a 42 ans, et il est venu en France se faire soigner. Mais, avant de décider de passer à l’acte, il se met à revisiter son passé, et celui de son pays, le Sénégal. C’est cette anamnèse qui constitue le roman de Khadi Hane.

Joseph est né dans une famille chrétienne, en 2000, l’année de l’élection à la présidence d’Abdoulaye Wade. Sa mère, Catherine, les a élevés seule, son frère aîné Patrick et lui, le père parti en France ne donnant plus de nouvelles. Les Diouf sont commerçants. Patrick travaille dans une entreprise de pêche appartenant à un Chinois, M. Wong. Mais c’est aussi un militant politique radical, qui s’oppose à la dérive autoritaire et népotique du président. Il lutte contre l’emprise des Chinois sur l’économie de l’Afrique, sous prétexte d’aide au développement. Aussi, après que M. Wong a racheté la boutique familiale, Patrick paie-t-il de sa vie sa révolte. Et c’est son frère Joseph qui prend le relais et le venge. Il tue M. Wong, est condamné à vingt-cinq ans de prison. Là, il va prendre conscience de ses goûts sexuels, tombant amoureux de Mamadou, alias Ching. Ils deviennent amants. Mais, une fois libéré, Ching se suicide. Sa peine purgée, Joseph choisit l’exil et, peut-être, la mort. A moins que son travail de mémoire ne le retienne du côté de la vie. A 42 ans, le grand amour est encore possible.

Khadi Hane, dont on avait aimé Des fourmis dans la bouche (Denoël, 2011), a bâti un roman où l’histoire d’une famille s’imbrique avec celle du Sénégal. Les personnages sont attachants, et dénonce le "péril jaune" qui guette l’Afrique, avec la complicité des clans au pouvoir, qui y trouvent leur compte. Clin d’œil : le directeur de la prison où Joseph a passé vingt-cinq ans s’appelle Wade. Jean-Claude Perrier

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