Foire de Londres 2024

À Londres, des éditeurs mais pas de prise de risque

La Foire de Londres 2024 se poursuit jusqu'au jeudi 14 mars, à l'Olympia Hall de Kensington - Photo © ED

À Londres, des éditeurs mais pas de prise de risque

Le premier rendez-vous professionnel de l’année s’est ouvert mardi 12 mars dans une bonne ambiance, malgré un manque de dynamisme des transactions.

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Par Éric Dupuy à Londres,
Créé le 12.03.2024 à 17h24

En apparence, pas de bouleversements dans les travées de l’Olympia Hall de Kensington, à Londres, où le premier rendez-vous professionnel international de l’année se tient du 12 au 14 mars. Les allées sont pleines, les tables entourées d’acquéreurs et de vendeurs, et l’ensemble de l’édition mondiale échange.

Les Allemands en difficulté

Cependant, la tendance est à la prudence, alors que plusieurs marchés, et non des moindres, marquent le pas, notamment l’Allemagne. « C’est vrai que c’est compliqué en ce moment, surtout pour la littérature », commente sobrement Jonathan Landgrebe, le dirigeant de Suhrkamp. Résultat, la place des acquisitions s’est réduite dans les maisons allemandes. « Ceux qui réservaient 20 à 25 traductions ont baissé à 15 », a remarqué Heidi Warneke, responsable des cessions de droits chez Grasset.

Mais cela ne date pas d’aujourd’hui. « Je pense qu’à la suite du confinement, les éditeurs ont fait plus de stocks et se concentrent aujourd’hui à l’écouler, d’autant plus que le marché de la littérature étrangère dans la plupart des pays reste plus délicat », analyse-t-elle. Mais elle garde bon espoir pour la suite de cette foire, avec notamment deux livres de la rentrée littéraire et une sortie de printemps à présenter. « C’est aussi plus difficile de convaincre en amont de la sortie, explique-t-elle, il faut vraiment cocher toutes les cases pour susciter de l’intérêt ». La prise de risque est moindre et dans ce contexte, ce sont les maisons d'édition avec une large panoplie d'auteurs établis qui tirent leur épingle du jeu (lire ci-après). « On continue à vendre convenablement nos titres, relativise Philippe Robinet, P-DG de Calmann-Lévy. Ce qu'il n'y a pas actuellement, ce sont les gros titres mondiaux qui font bouger toute l'édition, comme les mémoires du prince Harry », regrette-t-il.

Les Espagnols plus dynamiques

C’est également le sentiment de Jean Mattern, directeur de droits du groupe Bourgois (Globe…). Ravi d’avoir pu réaliser deux deals juste avant l’ouverture de la foire, avec un livre américain et un titre sur les évènements du 7 octobre, il remarque une ambiance alourdie par la situation du marché en Europe, et notamment aux Pays-Bas. « On parle beaucoup de la situation de De Bezige Bij qui a licencié 30 personnes ces derniers mois et ce n’est pas un bon signal », confie-t-il. La maison de littérature néerlandaise fait face plus durement à l'augmentation des coûts de production et à une désaffection du public sur ses segments : les jeunes lisant de plus en plus en anglais quand les moins jeunes lecteurs se tournent de plus en plus vers la romantasy.

La vague de ce genre, qui est l’un des moteurs de l’édition au niveau mondial depuis plusieurs années, n’est pas retombée avant le rendez-vous britannique. Face au ralentissement des échanges avec l’Allemagne et les Pays-Bas, les vendeurs regardent plus au sud de l’Europe. « Les acheteurs italiens semblent maintenir leur niveau d’acquisition », souffle Heidi Warneke. « Les Espagnols, eux, sont très actifs », commente une scout qui assure que cette foire qui commence « n’est pas le pire Londres » à laquelle elle participe. Alors, enjoy !

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