Crise sanitaire

Luce Perez-Tejedor: "Les bibliothèques essaient de devenir des tiers lieux virtuels"

Pour faire vivre le prix Louis-Guilloux, la bibliothèque des Côtes d'Armor a tourné des vidéos qui seront diffusées sur les réseaux sociaux - Photo Département des Côtes d'Armor

Luce Perez-Tejedor: "Les bibliothèques essaient de devenir des tiers lieux virtuels"

Comment les bibliothèques peuvent-elles préserver le lien avec les publics, en période de crise sanitaire ? C’est la question à laquelle répond la directrice de la bibliothèque des Côtes d’Armor, qui organise pour la première fois un prix des lecteurs…100% virtuel.

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Par Fanny Guyomard,
Créé le 20.04.2021 à 12h00

Depuis 1983, le département des Côtes d’Armor organise chaque année le prix Louis-Guilloux, où le jury est constitué des lecteurs des bibliothèques. Sauf que depuis 2020, la crise sanitaire restreint l’accueil des publics. Dans ces conditions, difficile d’organiser des ateliers de lecture à haute voix ou de critique littéraire. La solution trouvée : engager les lecteurs de chaque bibliothèque via internet. Tour des enjeux, avec Luce Perez-Tejedor, directrice de la bibliothèque départementale des Côtes d’Armor.
 
Comment va se dérouler le prix Louis-Guilloux cette année ?
Il sera 100% numérique. Les bibliothèques vont animer des ateliers de critiques littéraires et du booktubing (chroniques littéraires sous format vidéo), en visioconférence ou sur les réseaux sociaux. Le département va également mettre en ligne la plateforme « boîte à son », où les lecteurs vont poster leurs lectures à voix haute. Ils n’auront besoin que d’un smartphone pour s’enregistrer. C’est une manière de faire découvrir les livres sélectionnés au grand public, de manière accessible pour les personnes atteintes d’un handicap visuel.
Tout cela ne remplace pas le lien physique, mais il faut que les bibliothèques, les seuls lieux culturels ouverts actuellement, restent présentes, même dans la distance.
 
Mais toutes les bibliothèques arrivent-elles à se saisir des outils numériques ?
La fracture numérique est une réalité dans notre territoire rural et semi-rural. Certaines zones sont mal connectées à internet et tous les bibliothécaires ne sont pas férus de numérique. C’est le rôle de la bibliothèque départementale de les accompagner : nous organisons ainsi des formations en médiation numérique et travaillons toute l'année avec les 245 bibliothèques du territoire, ce qui fait que nous les connaissons bien, nous leur proposons des activités adaptées à leurs envies.
 
Et comment les rencontres physiques sont-elles maintenues ?
Les bibliothèques se déploient hors les murs, avec les collèges et les Ehpad par exemple. Les partenariats permettent d’explorer de nouveau liens avec la culture, le social et l’éducation. Le Printemps des livres, organisé par l’intercommunalité de Loudéac, peut ainsi subsister car il peut intervenir dans les écoles. Il faut rester agiles et inventifs.
 
Finalement, les contraintes sanitaires ont-elles du bon?
D’une certaine manière, oui. Les manifestations en ligne sont une opportunité pour capter les publics, et notamment ceux qui sont éloignés de la lecture. Ces derniers mois, les bibliothèques ont développé des moyens pour tenir des visioconférences avec des jauges importantes. Ou alors, les petites jauges de six personnes rendent la médiation intimiste : le lien est tissé au plus près des territoires et des gens.

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