15 novembre > Contes/ethnologie Mexique

Le 21 décembre 2012 avait été annoncé par des astrologues farfelus comme la fin du monde selon le calendrier maya. Certes, ce jour-là, dans cette culture méso- américaine et d’après son système vicésimal (semaine de vingt jours), est une date importante, attestée sur une stèle au Monument 6 du site archéologique de Tortuguero. Fin d’un cycle et renouveau, voilà comment il fallait interpréter ce rendez-vous avec le Temps. Quinze jours plus tôt paraissait La femme sans tête de José Natividad Ic Xec, et c’était peut-être cela le changement, en tout cas pour la reconnaissance de la culture maya. Cet ancien du Diario de Yucatán, et qui dirige aujourd’hui le projet éditorial El Chilam Balam pour la diffusion du patrimoine du peuple du Yucatàn, a voulu recueillir les histoires de son aïeule paternelle. C’est un Grimm collectant les morceaux du puzzle de la mémoire orale, mais aux accents personnels. Ce qu’on ressent à la lecture de ces histoires mayas, c’est bien sûr le merveilleux et l’effroi mêlés, mais c’est surtout à quel point le fantastique s’ancre dans le quotidien des êtres humains, une espèce de réalisme magique avant la lettre. Un homme a épousé à son insu une wáay, une sorcière dont la tête se détache et se promène la nuit. Le mari endormi ne se doute de rien jusqu’au jour où on le lui révèle tout en lui conseillant de mettre du sel au niveau de l’encolure d’où s’est échappée la caboche. Ailleurs, c’est un alux, sorte de poupée tutélaire, qu’il ne faut surtout pas offenser et qui a volé la voix d’une petite fille. Ainsi se déploie toute une topographie avec ses mille figures dansantes : la milpa, ce bout de terre gagné sur la luxuriance de la forêt ; les vipères maléfiques ; le jmeen, le prêtre maya « co-officiant » avec le curé catholique ; Yuum K’áax, Seigneur de la forêt, auquel on sacrifie du maïs… Le tout est traversé par la « compassion maya », la sympathie pour les êtres et les choses. « Ootsil ! » - « La pauvre ! » - s’exclame la mère de l’auteur devant la vieille Coccinelle qu’il a garée en plein cagnard. S. J. R.

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