Dans un Top 20 toujours dominé par Guillaume Musso, Milan Kundera fait une entrée remarquée à la 11e place avec La fête de l’insignifiance. On retrouve aussi le 3e volume de Fifty shades en poche à la 5e place et le 70e tome du manga One piece à la 7e.

Phénomène : "La fête de l’insignifiance" pour dégommer les statues du Luxembourg

 

A 85 ans, l’auteur de L’insoutenable légèreté de l’être revient avec un court roman jubilatoire, éloge de l’insignifiance.

 

C’est un petit livre, une "sotie" selon les critiques : La fête de l’insignifiance de Milan Kundera, paru chez Gallimard le 3 avril avec un premier tirage de 30 000 exemplaires (dont 28 000 ont été mis en place), a été réimprimé trois fois depuis pour atteindre un tirage de 60 000 exemplaires.

Milan Kundera est un monument. S’il refuse les interviews, préférant se retirer derrière son œuvre, il est l’un des rares écrivains publiés de son vivant dans la "Bibliothèque de la Pléiade" (en 2011). Mais, à 85 ans, l’auteur de L’insoutenable légèreté de l’être prouve qu’il peut encore enthousiasmer la critique littéraire et les lecteurs.

La fête de l’insignifiance est un petit bijou jubilatoire, un texte concis dont on n’a jamais fini d’explorer les références et les subtilités. C’est un livre puzzle, une succession de tableaux où se croisent Alain, en quête d’une mère qui l’a abandonné, Charles, obsédé par Staline et dont la mère est mourante, Caliban, le comédien au chômage qui se travestit en serveur pakistanais, D’Ardelo, qui feint d’être atteint d’un cancer, Ramon, son ancien collègue qui n’est jamais là où il a envie d’être…, et une femme fatale. A la manière des personnages de Modiano, ils errent dans Paris, nonchalants, mélancoliques, légers (comme la plume qui volette au-dessus d’eux chez D’Ardelo), ratant des occasions, comme cette bouteille d’Armagnac brisée qu’ils ne boiront pas. Il est question du nombril des femmes - désormais exhibé "entre le pantalon ceinturé très bas et le tee-shirt coupé très court" -, de Kant et de Schopenhauer, de Staline et de Kaliningrad, de la bonne humeur, du fait de se sentir coupable et de s’excuser tout le temps…

La fête de l’insignifiance, comme son titre l’indique, est l’éloge de l’insignifiance, "l’essence de l’existence […] présente même là où personne ne veut la voir : dans les horreurs, dans les luttes sanglantes, dans les purs malheurs". Mais seuls la fantaisie et l’humour permettent d’oublier la tristesse et la vanité des hommes. En attendant la mort, il faut dégommer les statues du Luxembourg au fusil… comme un certain Staline, nous dit Kundera. L’auteur de La plaisanterie nous enjoint à ne pas prendre la vie trop au sérieux. <


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