Essai/Israël 6 novembre Orna Donath

En 2011, l'actrice Anémone a fait scandale en disant : « Si je n'avais pas eu d'enfants, j'aurais été plus heureuse. » Une réalité ressentie par bien d'autres femmes, mais combien osent l'affirmer ? « Il y a des chemins interdits pour elles, ceux que la société leur nie a priori, comme celui de refuser la maternité », écrit Orna Donath. Docteur en sociologie, elle-même n'y a jamais aspiré. Un sujet qu'elle a déjà étudié auprès des deux sexes, mais là, elle va plus loin.

En Israël, la mère est érigée en déesse et va forcément de pair avec la féminité. Une pression accentuée par la religion et par une culture ancrée dans la continuité d'un chaînon historique. La question de la maternité ne se pose pas, elle s'impose et coule de source dès la naissance. D'autant qu'elle s'accompagne d'une promesse de plénitude. Or la réalité s'avère plus nuancée, comme le révèlent les blogs et les réseaux sociaux à travers le monde entier.

« Des mères de plus en plus nombreuses insistent sur le droit d'exprimer leurs sentiments de déception, d'hostilité, de frustration, d'ennui et d'ambivalence », note Orna Donath. Elle en a rencontré plusieurs (entre 26 et 73 ans) qui lui ont ouvert leur cœur, malgré la culpabilité. La plupart d'entre elles aiment leurs enfants, mais le prix de la maternité leur semble trop élevé. Cette identité à part entière ne correspond guère à une « idée romantique ». Au contraire, elle finit par phagocyter la femme en elle. Ce sacrifice rime avec une perfection inatteignable, qui s'accompagne souvent d'un tiraillement entre leur carrière et leur rôle de mère. Bon nombre d'entre elles doivent mettre leurs désirs professionnels de côté.

Alors que l'amour maternel devrait soi-disant être inné, il peut parfois basculer dans la haine. Odelya a deux enfants, pourtant elle déclare : « Pour moi, c'était une erreur. Vraiment une erreur », mais il fallait agrandir la famille pour correspondre aux normes sociétales. Au fond d'elles, ces mères cultivent « un fantasme de liberté. N'être responsable que de soi-même et non des autres. » Un aveu difficile à exprimer. Féministe, Orna Donath espère que ce livre - factuel et vivant - pourra libérer la parole des femmes car « nous avons besoin de décider par nous-mêmes ce que nous faisons de notre corps et de notre vie. »

Orna Donath
Le regret d'être mère : être mère et être soi, ce n'est pas facile
Odile Jacob
Tirage: NC
Prix: 21,90 euros ; 240 p.
ISBN: 9782738149527

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