Roman/France 22 août Marie Darrieussecq

Il faut parfois prendre les métaphores au premier degré, revenir à la source de l'image poétique pour réinterroger la vérité qu'elle entend figurer. Rose Goyenetche, psychologue, mariée, deux enfants, veut prendre du champ, alors elle prend le large. Mariée, elle ne sait plus trop, Rose voudrait divorcer ; quant au large, sa mère lui a offert une croisière en Méditerranée pour qu'elle puisse se reposer et faire le point. C'est un large plutôt confiné que ce bateau où les touristes ont embarqué, tout y reproduit le plancher des vaches, le luxe en plus, mais pas pour tous car, comme sur terre, les cabines sont hiérarchisées selon le prix du séjour.

L'héroïne du nouveau roman de Marie Darrieussecq,La mer à l'envers, flotte littéralement. Elle contemple cette « mer petite » aux côtes rapprochées, le Stromboli : « Il y a des volcans dans le monde réel, il y a réellement de la lave, venue du fond de la Terre. Et tout ça pas très loin de chezelle. » Elle pense à sa vie, peut-être qu'elle fait naufrage. Et puis c'est la collision, en pleine nuit, entre l'impression que tout part à vau-l'eau et le naufrage, le vrai. Du ramdam sur le pont fait sortir Rose de sa cabine où ses enfants dorment encore, les marins sont en train de repêcher des migrants. Certains sont morts. Les vivants sont de tous âges-des femmes, des enfants, des hommes et des garçons pas encore tout à fait des hommes, comme Younès, originaire du Niger. Elle le dépanne en lui donnant le portable de son fils. C'est lui le héros, « le témoin », elle ne l'est qu'au second degré.La présence du garçon la force à agir. En une seconde, l'existence de Rose bascule, elle est héroïquemalgré : elle accueille le clandestin. De Calais à Londres, on suit Younès avec Rose. Certains naufrages aboutissent à un nouveau monde, ou est-ce le même vu d'un œil neuf ?

Marie Darrieussecq
La mer à l’envers
P.O.L
Tirage: 20 000 ex.
Prix: 18,50 euros ; 256 p.
ISBN: 9782818048061

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