Avant-portrait

L’écrivain, que l’on rencontre dans le bureau de son éditeur, arbore au revers de sa veste noire un badge reproduisant une pomme rendue fameuse par les Beatles. Patrick Pécherot ne cache pas aimer la musique, du folk américain au jazz manouche et musette. Le revoici avec un étonnant roman, un livre hautement ciselé et peuplé de fantômes. Une plaie ouverte a pour décor à la fois le Paris de la Commune et l’Ouest américain. On y croise Courbet, Vallès, Verlaine et Louise Michel.

Pacifiste et non-violent

La Commune, c’est Aurélien Masson, directeur de la "Série noire", qui lui a suggéré de s’y pencher. Patrick Pécherot a eu envie d’aborder l’époque "par la bande", en évitant "la martyrologie" et les images d’Epinal. Ce dont il s’est parfaitement acquitté. Notre homme habite toujours, dans la banlieue ouest de Paris, la ville qui l’a vu naître, Courbevoie, bien qu’il ait grandi dans le vieux Puteaux avec sa mère et sa grand-mère.

L’école, il s’y est senti bien petit, moins après. A cette époque, il dévorait Le Club des cinq, Henri Vernes, Jean Ray et Bram Stoker. Avant d’être emporté par Kerouac grâce à la voix de Laurent Terzieff. Les études, il les abandonne pour entrer sur concours dans une école de kiné, soucieux de travailler "sur le handicap ou les personnes âgées". Il y reste un an, puis intègre la Sécurité sociale. Ce grand fervent du Charlie Hebdo première époque et des Ritals de Cavanna devient aussi un militant pacifiste et non-violent.

Dans le journal de sa section syndicale, il rédige des notes de lecture, des articles sur les camps du Larzac et sur les essais nucléaires. Ce sujet figure au centre de son premier roman, Tiuraï (repris depuis en "Folio policier"), que Patrick Raynal accueille dans la "Série noire" en 1996. Cette collection lui était chère, de Jean Amila au Didier Daeninckx du Der des ders. Il y entame ensuite ce qui est devenu une épatante trilogie, La saga des brouillards, désormais disponible en un volume en "Folio policier", avec un fier hommage à Léo Malet, Les brouillards de la Butte.

Patrick Pécherot prend le parti de parler des êtres à travers les lieux. Il n’est nullement nostalgique, mais n’apprécie pas qu’on efface "les traces et les gens". Solitaire, enfermé dans sa bulle, il ne dit jamais sur quoi il planche avant d’expédier à Aurélien Masson un manuscrit d’abord validé par sa femme et par sa fille.

Après Une plaie ouverte, il songe à revenir à l’époque contemporaine, comme il l’avait fait dans Soleil noir ("Série noire", 2007, repris en "Folio policier"). En attendant, il en profite pour lire et pour attaquer un projet avec le dessinateur Joe G. Pinelli, qui lui a demandé de scénariser plusieurs chapitres du Feu d’Henri Barbusse. Un Pinelli avec qui il avait déjà le projet d’adapter L’armoire volante, ovni cinématographique réalisé par Carlo Rim en 1948, avec Fernandel.

Alexandre Fillon

Patrick Pécherot, Une plaie ouverte, Gallimard, "Série Noire", Prix : 16,90 euros, 270 p., sortie : 10 septembre, ISBN : 978-2-07-014871-4

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