Phénomène : "Meursault, contre-enquête" : le frère de l’Arabe

Phénomène : "Meursault, contre-enquête" : le frère de l’Arabe

Par Claude Combet
avec Créé le 14.11.2014 à 00h32 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud n’a pas eu le Goncourt, mais, en figurant sur la sélection finale et en étant donné comme l’un des favoris, il est devenu l’un des phénomènes de l’automne. L’engouement qu’a suscité ce livre paru discrètement le 7 mai, avec une mise en place de 3 000 exemplaires seulement, le propulse cette semaine de la 19e à la 8e place du palmarès. Sélectionné dans les premières listes du Goncourt et du Renaudot, couronné par le prix des Cinq Continents de la francophonie et le prix François-Mauriac, il s’est progressivement imposé : passé à 10 000 exemplaires avant l’été, son tirage atteint aujourd’hui 50 000 exemplaires, dont 40 000 sont sortis.

Meursault, contre-enquête est un pari littéraire osé. Kamel Daoud donne la parole, dans un long monologue, à Haroun, frère de Moussa, "l’Arabe" (qui n’est jamais nommé) tué par Meursault dans L’étranger. L’auteur oppose la gloire littéraire d’Albert Camus à l’obscur destin d’Haroun, dont l’existence même est niée, et dénonce, en journaliste qui n’a pas peur des mots, la pauvreté de l’Algérie post-coloniale, l’emprise de la religion et l’absence d’espoir. Livre sur l’altérité, la quête d’identité, Meursault, contre-enquête a aussi rencontré l’actualité lors de l’assassinat de l’otage français Hervé Gourdel, mettant l’accent sur une relation toujours douloureuse entre l’Algérie et la France. Claude Combet

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