24 août > Roman France

Parfois, le charme de la bourgeoisie, fût-elle de province, n’a rien de discret. Ainsi, les Pettigrew et apparentés (par les liens du mariage) Axilette ou Hiver. Quatre générations d’agités du bocal réunis chaque été en leur vaste demeure angevine pour y fomenter les quatre cents (mauvais) coups. Il y a là, entre autres, l’aïeul James qui compose des haïkus fiévreux pour une étudiante coréenne de passage, sa fille Catherine qui se rêve en cow-girl ou torera, une petite fille, Barbara, qui fera l’amour déguisée en paon et deux enfants, certes turbulents mais, au regard de ce qui précède, pas plus que la moyenne familiale. Et puis, il y a Isabelle, la fille de Catherine, qui n’est que grâce, paresse, indolence et sensualité, qui ne sait pas très bien ce qu’elle veut faire de sa vie, s’en moque un peu et paraît tout de même consentir à épouser son amoureux du moment, Pierre, à condition que celui-ci fasse bon effet à toute la petite famille réunie. Or, Pierre Réveillon, 30 ans, journaliste, porte son nom de famille comme un oxymore le ferait. Qui apprivoise qui dans ce jeu de dupes le temps d’un été à la campagne, où les frasques de chacun ne sont pas parfois exemptes d’une certaine cruauté ?

Les familiers de son œuvre reconnaîtront dans ce Séduire Isabelle A., septième roman de Sophie Bassignac, sa musique romanesque. La fantaisie y est plus débridée que jamais. On songe, à lire ces pages, à celle des films d’un Jean-Paul Rappeneau ou mieux encore, d’un Pascal Thomas. Rien que de résolument inactuel, très singulier dans notre paysage littéraire national et partant absolument délicieux. Olivier Mony

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