“Alors que les détracteurs de la prétendue théorie du genre donnent de la voix, certains éditeurs jeunesse semblent avoir définitivement choisi le camp des livres sexués pour enfants. D’abord réservé à quelques maisons adeptes de la paillette et de la palette pour grandes surfaces, lephénomène contamine depuis quelques années les maisons les plus chics de la place de Paris. Chacune y allant de son recueil d’histoires sexistes ou de sa collection estampillée «filles», l’équivalent garçon étant en général qualifié d’«aventures».

Peut-être serait-il temps que, à l’instar de quelques fabricants de jouets, ces nobles maisons s’interrogent sur le sens et les conséquences de ces pratiques et cessent de prétendre qu’elles répondent à une demande alors qu’elles participent activement à fabriquer du genre à l’endroit de la différence des sexes.

Non, les petites filles ne naissent pas dans les roses avec une prédisposition pour l’équitation ! Pas plus que les petits garçons ne se rêvent tous en conducteur de tractopelles. Mais à force de matraquage marketing, il nous devient de plus en plus difficile de conseiller des livres pour un enfant considéré comme un individu et non comme assigné à un groupe «fille» ou «garçon», les éditeurs nous privant, comme ils en privent les enfants, d’une part de liberté, en adoptant des codes ridiculement sexués. Allez donc conseiller un excellent roman à un garçon de 12 ans si la couverture l’annonce comme appartenant à une collection «fille» !

Le plus grave, c’est que, ce faisant, l’édition jeunesse participe de ce mouvement beaucoup plus large, qui assigne aux enfants des manières d’être et d’agir selon leur sexe. Le plus ironique est que ces éditeurs apportent la preuve de la pertinence du genre comme grille de lecture du monde et plus particulièrement des objets de culture et de consommation courante…”