Le 30 octobre, les inconditionnels de Marion Montaigne et de son héros le professeur Moustache se sont rués en librairie pour se procurer le cinquième tome de Tu mourras moins bête, sa bande dessinée devenue un best-seller depuis la parution du premier album, tiré de son blog, en 2011. Pour l'occasion, Delcourt a prévu un tirage de 50 000 exemplaires. Pas mal pour un livre qui ambitionne de nous expliquer que les fourmis ne sont pas aussi travailleuses qu'on le pense et quelle surface de poils un chat doit entretenir quotidiennement ! Si Marion Montaigne cartonne avec ses albums qui mêlent humour et science, profitant aussi du succès de la série animée qui s'en est inspirée et a été diffusée sur Arte, elle n'est que la partie la plus visible de l'iceberg.

Thématiques pointues

La BD de vulgarisation scientifique séduit de plus en plus les éditeurs qui en publient toujours plus, et les lecteurs, qui répondent présent. « La BD en général marche très bien en ce moment et les BD de sciences en profitent, note Chloé Abellan, à la librairie Le Divan, à Paris. C'est un média qui permet vraiment à un public non scientifique d'aborder des thématiques pointues. Nous avons par exemple très bien vendu L'incroyable histoire de la médecine, paru aux Arènes (vendu à 38 000 exemplaires). » Les éditeurs sont donc nombreux à miser sur la BD scientifique. Delcourt a lancé une collection « Octopus » il y a trois ans, entièrement dédiée à la vulgarisation scientifique. « L'idée est vraiment de dépoussiérer les matières rébarbatives, c'est beaucoup plus simple de lire une BD qu'un essai de 500 pages. Et le dessin permet souvent de faire comprendre plus facilement un concept abstrait », explique l'éditrice Alix de Rosenval. Pour autant, insiste-t-elle, « ce n'est pas de la science bas de gamme, c'est tout aussi exigeant mais plus accessible ». La collection a ainsi accueilli Intelligences artificielles, miroirs de nos vies, vendu à plus de 3 000 exemplaires, ou encore La fabrique des corps, en 2017.

Aventure

Les éditeurs non spécialisés en bande dessinée tentent aussi l'aventure. Dans son ambition de développer des ouvrages scientifiques accessibles, Dunod a publié trois albums et compte bien continuer. « Ça fonctionne très bien, c'est vraiment un langage très adapté à la vulgarisation de notions jugées complexes et cela permet de toucher un public plus jeune  comme en atteste par exemple le succès de la BD de Laurent Schafer, Quantix. », note Anne Pompon, la directrice éditoriale. La première BD made in Dunod, Neurocomix : voyage fantastique dans le cerveau a reçu le prix Sciences pour tous en 2016, tandis que la petite dernière, Quantix, a réussi à générer plus de 10 000 ventes. CNRS éditions publie de même, mi-novembre, sa première BD scientifique, L'entropie fatale, tandis que Larousse s'y met avec La biologie en BD, paru en septembre, ainsi que Sciences pour tous : le livre édité cette année à l'occasion de la Fête de la science est aussi une BD ! Sciences en bulles a été tiré à 80 000 exemplaires et a été distribué dans 350 librairies partenaires.

Stock a choisi pour la première BD de son catalogue en octobre, un sujet scientifique avec Tu l'as dit Jamy ! de Jamy Gourmaud qui fut le présentateur de « C'est pas sorcier » et Leslie Plée. Buchet-Chastel enrichit son fonds historique consacré à l'écologie d'une collection de BD « Planète graphique », inaugurée en octobre par L'âge bleu d'Anne Defréville et Les indégivrables de Xavier Gorce. Les bulles ont la cote et cela ne devrait pas s'arrêter de sitôt. 

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