Attendre, toujours attendre. J'ai essuyé plusieurs refus d'éditeurs pour mon livre. Va falloir tout reprendre. Jean Cavé, mon ancien rédac chef, mon toujours ami, m'a lu et donné des conseils pleins de bienveillance. Il n'est plus journaliste, il est devenu écrivain (Nos rêves sont plus grands que le ciel , Les applaudissements , Le dîner du commandant , etc.) Cavé confiance ! Alors je vais reconstruire mon livre. Un essai (c'est le cas de le dire) sur la crise n'est pas prêt d'être démodé. Débat sur la disparition de l'épreuve dite de « culture générale » à l'entrée à Sciences Po Paris. Je  me souviens de Georges Kiejman me confiant : « J'ai fait du droit pour avoir un travail. J'ignorais alors que Sciences Po existait. » Comme moi. Est-ce un manque de culture générale d'ignorer l'existence du temple de la rue St-Guillaume ? La mère du futur grand avocat (longtemps avocat des éditions Gallimard : « Ma seule fierté... »), ne savait pas lire. Mon père ne savait pas écrire. Salauds de pauvres ! 200 personnes venus entendre Edgard Morin, un jeune homme pétillant de 90 ans, présenter son livre Mes philosophes (aux excellentes éditions Germina crées par Jean Tellez) chez les frères Maristes du 104 rue de Vaugirard à Paris. De quoi reprendre espoir dans un pays dégradé par des hommes qui ne savent que compter sans qu'on puisse compter sur eux. Quelques étages au-dessus de la conférence de l'ancien résistant juif, trois fils de la bourgeoisie catholique provinciale ont entamé une trop longue amitié. Leurs noms : André Bettencourt, François Dalle et François Mitterrand. Le premier épousera Liliane, la fille d'Eugène Schueller, chimiste génial, cagoulard et financier de vrais nazis français, le second dirigera L'Oréal créé par le même Schueller et le troisième sera, entre différentes carrières politiques, directeur du magazine Votre Beauté qui appartenait à L'Oréal-Schueller. Je préfère les délicats effluves de la philosophie du vieil homme qui se dit « toujours étudiant » aux parfums nauséabonds de ces gens-là. Après une telle soirée, une autre qui m'a rempli d'espoir. La crise, c'est l'arrogance des riches, c'est aussi la mort des solidarités qui contenaient les maîtres du monde, héros des livres de Tom Wolfe ( Le bucher des vanités ), Brett Eston Ellis ( American psycho ), etc. Et si la solidarité revenait non par les militants mais par les pauvres, jeunes, exclus, invisibles ? Je rencontre ce soir-là quelques ados qui organisent des fêtes dans des friches industrielles. Leur « business » marche tellement bien qu'ils ont tout de suite lancé une deuxième initiative : des expos photos d'un soir dans des laveries automatiques. Leur nom ? « Débrouï-art ». Ce soir-là, ils avaient réunis deux cents mômes qui débordaient d'une petite laverie dans une rue parisienne, venus pour une exposition joyeusement intitulée Rabbits are true players par Krobi & Co. http://www.from-paris.com/lavexpo-by-debroui-art-report-from-paris/  Photos drôles et déglingues, vidéos sur vitaminées, bière à gogo. Indignés ? Même pas. Pleins d'espoirs, ça oui. La crise est là, les petits jeunes débarquent. Culture urbaine, culture générale, courez les petits gars, le vieux monde est derrière vous ! Quant aux vieux, ils ne sont pas tous rances, regardez Morin, Hessel, Aubrac, même certains morts comme l'Abbé Pierre, ils pètent la forme. Allez on va lui faire sa fête à la crise ! Il y a une campagne électorale en ce moment ? Pas vue. Pas pris !
15.10 2013

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