3 OCTOBRE - ROMAN États-Unis

Nous sommes au printemps 1950. L'héroïne solitaire du nouveau livre de Peter Cameron est infirmière à domicile depuis deux ans. Brune, grande et mince, avec des yeux noirs, Coral Glynn vient de Huddlesford. Ses parents sont décédés et son frère est mort à la guerre, au cours de la première bataille d'El-Alamein. La jeune femme a trouvé une place de garde-malade auprès de Mrs Hart. Une vieille dame qui se meurt lentement d'un cancer dans sa grande maison avec parc, située dans un coin de campagne pluvieux du Leicestershire.

En marchant dans les bois à ses heures perdues, elle y croise Clement Hart, le fils de Mrs Hart. Un major, blessé à la guerre et obligé depuis de porter un appareil orthopédique pour soutenir sa jambe raide. Ce dernier lui a gentiment proposé un verre de brandy au coin du feu afin de lui remonter le moral. Clement a un ami de jeunesse, Robin Lofting, dont il a été très épris et aussi l'amant. Robin, qu'il retrouve au pub, est marié. Le major, lui, a jadis été empêché par sa mère d'épouser la fille d'un industriel.

Il ne cache pas à Coral qu'il n'a jamais aimé sa génitrice, veut à tout prix éviter de devenir comme elle, "mort à l'intérieur et plein d'amertume". Lorsqu'elle s'éteint, le major propose à Coral de rester à la maison. Et de l'épouser. Ce qu'elle accepte... On connaissait et apprécie les nouvelles et les romans signés par Peter Cameron, de Week-end (Rivages 1995, repris en "Rivages poche") à Un jour cette douleur te servira (Rivages, 2008, repris en "Rivages poche"). Le voici qui change radicalement de registre, mais au fond pas totalement de propos.

L'Américain a choisi de rendre un bel hommage au roman psychologique anglais tel que le pratiquaient avec majesté Jane Austen ou Anthony Trollope, qu'il cite d'ailleurs en exergue. Tout en retenue, en sobriété et en intensité, Coral Glynn est un modèle du genre qui ravira les amateurs de Raison et sentiments ou de Miss Mackenzie.

Les dernières
actualités