Raymond Aubrac disparaît

Raymond Aubrac

Raymond Aubrac disparaît

L'un des derniers cadres de la Résistance est mort mardi soir à l'âge de 97 ans.

avec vt, avec afp Créé le 15.04.2015 à 21h52

Raymond Aubrac, l'une des dernières grandes figures de la Résistance, est mort mardi soir à l'âge de 97 ans à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, a indiqué mercredi matin sa fille à l'AFP. Né le 31 juillet 1914, le jour de l'assassinat de Jean Jaurès, il a grandit au sein d'une famille de commerçants juifs.

Co-fondateur du mouvement «Libération Sud», Raymond Aubrac était l'une des derniers cadres de la Résistance et l'un des des derniers à avoir connu Jean Moulin. Il était également le dernier survivant des chefs de la Résistance réunis et arrêtés en juin 1943 à Caluire (Rhône) avec le chef du Conseil national de la Résistance (CNR).

Sa femme Lucie Aubrac, elle aussi héroïne de la Résistance, est morte en 2007 à l'âge de 92 ans.

En 1947 et 1950, il avait été témoin à charge lors des deux procès du résistant René Hardy (décédé en 1987), accusé d'avoir livré Jean Moulin à la Gestapo et acquitté au bénéfice du doute.

De Marseille au Vietnam

à la libération, nommé commissaire de la République, il devient ensuite responsable du déminage au ministère de la Reconstruction. Il a ensuite créé BERIM, un bureau d'études investi dans les échanges Est-Ouest avant de devenir conseiller technique au Maroc et fonctionnaire de la FAO. Il aussi été missionné par Henry Kissinger pour établir des contacts avec Hô Chi Minh, son ami, pendant la guerre du Vietnam.

De son vrai nom Raymond Samuel, il était resté un citoyen très actif et avait notamment été ovationné en février 2008 après un discours défendant la laïcité, lors du meeting de campagne de Bertrand Delanoë pour les municipales. Récemment, il a apporté son soutien au candidat socialiste à l'élection présidentielle François Hollande.

Inlassable défenseur de la mémoire et de l'Histore, il avait rédigé deux autobiographies : Où la mémoire s'attarde (Odile Jacob) en 1996 et, avec son petit-fils Renaud Helfer-Aubrac, Passage de témoin (Calmann-Lévy) l'an dernier.

Nombreuses préfaces

Raymond Aubrac avait aussi préfacé de nombreux livres : Les enfants de Moïse de Pierre-Michel Dreyfus (éd. Alain Barthélémy, 2002), François Forestier 1940-1945 : premier chef d'état-major de l'Armée secrète de Michel Morin (Lacour-Ollé, 2003), A mon père : FTP au pays de Douarnenez de Nathalie Florc'h (L'Harmattan, 2004), Traces indélébiles, mémoires incertaines de Renée David (L'Harmattan, 2008), Feuilles de route : mémoire, de Jo Golan (Riveneuve, 2009), De la résistance à l'Indochine : les cas de conscience d'un FTP dans les guerres coloniales de Pierre-Alban Thomas (L'Harmattan, 2010), Je t'embrasse un grand coup : rencontres avec Lucie Aubrac de Florence Amiot-Perlmeyer (Le Cherche Midi, 2010) et Résister : les archives intimes des combattants de l'ombre de Guillaume Piketty (Textuel, 2011).

Enfin, il était lui-même l'objet de quelques livres tel le récent Raymond Aubrac : résister, reconstruire, transmettre de Pascal Convert (Le Seuil, 2011) ou encore Bataille pour Marseille, Deferre, Cristofol, Aubrac de Jacqueline Cristofol (Flammarion, 1997) et Aubrac - Les faits et la calomnie de François Delpla (Le Temps des Cerises, 1998).

On peut y ajouter les publications concernant son épouse Lucie Aubrac, et notamment les mémoires de celle-ci, Ils partiront dans l'ivresse : Lyon mai 1943, Londres février 1944 (Le Seuil, 1997). Claude Berri avait transposé ce livre au cinéma : Daniel Auteuil y incarnait Raymond Aubrac.

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