Publié, en début de soirée, sur le site du quotidien, ce texte avait déjà recueilli, à 22h, plus d'une vingtaine de réactions d'internautes… dont beaucoup, n'ayant pas compris qu'il s'agissait d'une farce (enfin, pour l'instant…) s'alarmaient de ces informations, preuve, s'il en fallait encore, que plus rien, hélas, n'étonne de la part de l'actuel gouvernement.
Joint dans la soirée par courriel, Régis Debray a répondu brièvement à quelques questions :
Livres hebdo : Quelle était votre intention, en publiant ce texte ?
Régis Debray : Désamorcer, par l'ironie, certaines velléités ambiantes, assez dangereuses, à la fois populistes et capitalistes.
LH : Avez-vous déjà reçu des réactions ?
RD : À ce stade, quelques sourires de connivence.
LH : Vous évoquez des mesures (publicité à la télé sur les chaînes privées, abrogation de la loi Lang...) qui sont effectivement dans un certain « air du temps », portées par des gens qui voudraient en effet « moderniser », disent-ils, le marché du livre : déplorez-vous l'absence d'une contre-offensive virulente ?
RD : Oui, et je me demande bien pourquoi elle n'a pas lieu.
LH : Les professionnels de la culture ont récemment manifesté contre les projets du gouvernement. Pensez-vous que le monde du livre devrait, lui aussi, se bouger ?
RD : Oui, le livre doit se remuer, sinon on bougera pour lui
LH : Refuser une certaine 'marchandisation' et certaines voies triviales passe aujourd'hui pour de l'élitisme. Doit-on assumer cet élitisme, s'agissant du livre, ou revendiquez-vous une autre voie ?
RD : Oui, assumons la méritocratie républicaine, le fameux « élitaire pour tous » de Vitez. Sinon, on aura la partition américaine : le drugstore d'un côté, la librairie universitaire de l'autre, Da Vinci Code ici et la thèse sur le néoplatonisme là. Ce grand écart menace. Prenons les devant.
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