27 août > BD France

Directeur éditorial de Futuropolis, Sébastien Gnaedig s’offre de loin en loin une récréation, si l’on peut dire, en dessinant lui-même un album, sur un scénario de Philippe Thirault (dernier en date : Une épaisse couche de sentiments, Dupuis, 2006). Cette fois, il fait équipe avec Pascal Rabaté (Ibicus, Les petits ruisseaux, Fenêtre sur rue…), qui lui a concocté sur fond de roman noir une réjouissante comédie sociale, un peu poisseuse, dans le Maine-et-Loire profond.

A 45 ans, Pierre Martino, un ancien commercial, vient de purger vingt ans de prison. Trompé par sa femme, il avait voulu l’assassiner, ainsi que son amant, dans le motel où ils se retrouvaient, et avait tué par méprise, en se trompant de chambre, un autre couple. Tout juste libéré pour bonne conduite, il revient dans sa ville de Cholet avec l’obsession de la vengeance. Il entend bien régler son compte aux deux amants, désormais mariés, mais aussi à toute la famille. Autour de Lucette et Gérard se sont en effet agglutinés enfants, parents, frères, sœurs et leurs compagnons qui forment un clan pittoresque et passablement "beauf", vivant dans une semi-campagne, en quasi-autarcie, de combines et de rapines diverses. Tandis que Martino pose méticuleusement les pièges grâce auxquels il prévoit d’en finir avec l’ensemble de cette bande de Pieds nickelés, Rabaté et Gnaedig décrivent le mode de vie et les turpitudes de ses membres, si branquignols qu’ils finissent presque par en paraître sympathiques.

Sans cesse prêt à lever le coude, jamais en retard d’un coup plus ou moins foireux, Gérard, toujours soutenu par Lucette, tient une place centrale. Mais il y a aussi Didi, le fils tout juste sorti de l’armée, et Steve, le neveu pas très malin mais qui, vigile dans un hypermarché, permet à la famille de s’approvisionner gratuitement en toute impunité. Il y a aussi leur grand-mère, une sorte de Ma Dalton moderne. Tous sont peu à peu déstabilisés par l’irruption de Martino. Il va les entraîner dans une spirale qui, avec le trait simple mais efficace de Gnaedig, et le beau travail de bichromie de Rabaté, tient en haleine jusqu’à la fin - un coup de théâtre très réussi. Fabrice Piault

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