Le 26 novembre, les eurodéputés ont voté à une large majorité le report à fin 2026 de l’application du très débattu règlement européen sur la déforestation (RDUE), dans l’attente d’un texte final issu des dialogues qui vont se poursuivre entre Parlement, Conseil et Commission. Autre soulagement pour la chaîne du livre : en l’état actuel du texte, les produits imprimés seraient écartés du dispositif. Une double annonce que la Fédération européenne des libraires (EIBF), aux côtés d’autres organisations professionnelles du livre et de la presse, a « chaleureusement » salué.
« Nous soutenons pleinement les objectifs environnementaux de l’UE, mais les réglementations doivent rester proportionnées et applicables, a réagi Fabian Paagman, président de l’EIBF, par voie de communiqué. En excluant les produits imprimés, le Parlement européen a montré qu’il est possible de protéger les forêts sans restreindre l’accès des citoyens aux livres, au savoir et à la pluralité des voix ».
Le SNE sur le qui-vive
En France, depuis plus d’un an, le Syndicat national de l’édition (SNE) alerte sur les conséquences potentielles du RDUE pour les éditeurs, tenus d’apporter la preuve que leurs livres ne contribuent pas à la déforestation, en devant par exemple fournir jusqu’à la géolocalisation des parcelles forestières. Dans un flash adressé à ses adhérents à l’automne 2024, le SNE détaillait déjà les obligations redoutées en matière de « diligence raisonnée » et les risques juridiques et financiers pour les entreprises de la filière.
Certains professionnels s’étaient préparés à respecter le calendrier initial, malgré les incertitudes techniques. Electre (filiale du Cercle de la Librairie et société éditrice de Livres Hebdo) explique ainsi avoir « mis en place tous les développements techniques nécessaires » pour intégrer les informations RDUE dans les métadonnées bibliographiques au 1er janvier 2025, conformément aux exigences européennes initiales. La base de données de référence des professionnels du livre évoque un « report mais pas une marche arrière » de cette réglementation.
Un dialogue qui se poursuit
Le report voté par le Parlement ne signifie en effet pas pour autant la fin du dossier. Le compromis sur le report et la modification du texte – dont l’exclusion des imprimés – doit encore être confirmé en dialogue entre les institutions européennes, puis formellement adopté.
Il s’agit donc pour la chaîne du livre d’un répit réel, mais encore conditionné aux prochaines étapes de la procédure. Les organisations professionnelles françaises et européennes indiquent vouloir continuer de plaider pour une solution durable qui reconnaisse à la fois la faible contribution du secteur à la déforestation et sa forte valeur culturelle.
