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Retour à la normale pour « Le livre sur la Place » à Nancy

Sarah Polacci - Photo ( G.Garitan, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons)

Retour à la normale pour « Le livre sur la Place » à Nancy

Du 9 au 11 septembre, le premier salon littéraire de la rentrée a affiché une bonne fréquentation pour la première dirigée par Sarah Polacci, qui en tire le bilan pour Livres Hebdo et se projette sur la 45ème édition.

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Par Éric Dupuy, à Nancy
Créé le 11.09.2022 à 20h03 ,
Mis à jour le 12.09.2022 à 12h46

En attendant les chiffres officiels de fréquentation, Le livre sur la Place, à Nancy, a retrouvé pour sa 44e édition, du 9 au 11 septembre, une organisation "de reprise" après deux années de pandémie. Sarah Polacci, dont c'était la première en tant que commissaire générale, a accordé à Livres Hebdo un premier entretien bilan.

Livres Hebdo : Que retenez-vous de cette 44e édition du Livre sur la Place ?

Sarah Polacci : J'en retiens le vrai plaisir de tout le monde à être là. Nous n'avons pas encore les chiffres définitifs, mais la fréquentation et les ventes devraient être à la hausse. Pour moi, ce qui est important c’est que toutes les salles étaient pleines et que les nouveautés de la programmation (lecture de premiers romans par des comédiens et échanges entre primo-romanciers et vedettes, ndlr) ont bien fonctionné.

« Arrivée sur la pointe des pieds »

LH : Alors que c'était votre première en tant que commissaire générale, comment l'avez-vous vécue ?

SP : Très bien. Certes pour moi c’est nouveau, mais nous sommes dans la continuité d’un salon qui est déjà très bien installé. En plus, j’ai pu profiter d’équipes déjà en place et d’une attente liée aux deux années de Covid. Nous avons senti l’envie du public de revenir. Je connais très bien le salon, je viens de Radio France qui est partenaire. J’ai géré le forum pendant des années. Je connais très bien ce rendez-vous pour l’avoir couvert mais je suis arrivée sur la pointe des pieds avec comme première mission de garder l’équilibre. J’avais comme responsabilité qu’il continue comme cela. Je ne voulais pas le rater et je pense avoir réussi ma mission.

LH : Vous avez pris la direction en janvier. Qu’avez-vous pu apporter à cette 44ème édition ?

SP : Seulement de petites touches. Je voulais faire plusieurs choses, notamment faire entendre des voix d’auteurs qu’on n’a pas souvent l’occasion d’entendre. J’espère qu’avec ma programmation, nous avons pu rendre visible des noms moins connus. Des auteurs confirmés comme Leila Slimani ou Mathias Enard ont accepté de parrainer de jeunes auteurs. C’est très simple à faire, d’autant plus qu’il y a eu un « oui » tout de suite des auteurs ! Yann Queffelec a accepté de dialoguer avec Jarred McGinnis qui présente son premier roman. Cela permet de remplir une salle : le public venait pour Yann et allait entendre un autre auteur. J’ai aimé l’idée que les auteurs installés se sentent responsables des autres auteurs et de la littérature en général.

« Réfléchir à nos événements culturels autrement »

LH : Dans votre discours inaugural, vous avez salué le fait que Salman Rushdie n’ai jamais autant vendu que depuis l’attentat dont il a été victime, de même qu'Andreï Kourkov depuis la guerre en Ukraine. Y voyez-vous de l’opportunisme ou une prise de conscience du public ?

SP : Sur le coup, c’est terrible, parce qu’on vend des livres à cause d'une guerre ou d'une attaque. Alors certes on se dit que c’est peut-être opportuniste, mais finalement leur voix est entendue, malgré tout. Et le livre continue de vivre, même si c’est dérangeant. Dans les livres de Salman Rushdie par exemple, on lit des choses importantes et politiques. Donc je ne me réjouis pas de ce qui s’est passé mais je suis heureuse que la littérature continue d’exister.

LH : Comment avez-vous perçu les acteurs du monde du livre réunis à Nancy ?

SP : Heureux et tendus. Je crois qu’il est un peu difficile de se réjouir actuellement. Il y a une tension. J’ai senti une envie et une responsabilité de se retrouver. Je pense qu’aujourd’hui il va falloir réfléchir à nos événements culturels autrement.

LH : Comment vous projetez-vous pour la suite ?

SP : Je suis encore en disponibilité de Radio France. Mais je souhaite réaliser une édition du Livre sur la Place « normale » et me réjouis que la 45ème édition de l’an prochain mette à l’honneur l’Allemagne. Ensuite, on verra.

  

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