Mes chers yeux amis, je reviens épuisé de mon séjour en Ukraine. Il faut dire que j’ai une petite nature. Non, ce n’est pas la vérité : il faudrait qu’un jour j’arrête de coller à l’image de l’écrivain chétif. Je suis un sportif redoutable. Et j’ai passé une succession de nuits quasi blanches, sans la moindre encombre. Bon j’admets que j’ai évité la vodka, malgré la horde d’alcooliques anonymes qui me suivait en permanence. J’étais invité, ainsi que Florian Zeller, par l’Institut Français dans le cadre du Printemps Français : une manifestation culturelle colossale, organisée par une équipe dynamique, pour ne pas dire mythique. Ils vont sûrement finir sur les rotules, au sens propre. Je les remercie encore et les embrasse d’ici (j’ai quand même le droit d’utiliser ce blog à des fins personnelles). Kiev était en ébullition. Ce qui ne m’a pas vraiment aidé pour faire des siestes. Je veux bien qu’ils fassent la révolution, qu’ils protestent, mais tout de même, mon sommeil est plus important, non ? J’étais dans un hôtel donnant sur la place principale où tout le monde se réunissait (certains manifestants étaient payés pour tenir un drapeau toute la journée (ça doit être un bon job ça : ne pas être content)), et quand je prenais l’air sur le balcon, j’avais l’impression que tous attendaient que je fasse une déclaration. Vous imaginez : « oui, c’est bien moi ! Je ferai une conférence à l’université demain ! Un peu de patience ! ». Ne serais-je pas devenu un peu mégalomane ? Il faut dire qu’il y a de quoi : faire une télévision à Kharkov, c’est le début de la gloire. Dans la multitude de choses insolites, je me souviendrais toute ma vie d’une image magique : les deux cameraman jouaient aux échecs pendant les coupures pubs. On aurait dit deux polonais. Que j’aime les pays de l’Est, que j’aime l’Ukraine. A chaque fois, je mets du temps à m’en remettre. Ca me donne envie d’aller donner des cours de français dans un Institut ou une Université ! Comment raconter dans un blog la poésie de certaines questions, la difficulté d’avoir un visa, les longs cheveux lisses, la moquette dans les trains de nuit, les pétales de fleurs dans une étoffe parfumée, le poker local où l’on peut acheter une sixième carte, les distributeurs de billets qui ne donnent pas d’argent, une représentation théâtrale exceptionnelle où personne n’applaudit, des taxis qui font trois fois le tour du pâté de maison pour justifier l’arnaque du prix, les étudiantes qui font des cadeaux après les conférences et qui parlent de leur thèse sur Pascal Quignard, les journalistes qui se demandent si l’on aime Alexandre Dumas, leur joie d’avoir obtenu l’organisation de la Coupe d’Europe de Football en 2012, les cigarettes si peu chères, la mauvaise techno dans tous les lieux publics, la possibilité d’acheter des hiboux dans la rue… comment dire tout ça ? *** Les trois vœux d'Hafid Aggoune : 1. Une vraie fête du livre à Paris, comme Limoges et Saint-Etienne. 2. Que « Premières heures au paradis », mon prochain roman chez Denoël, soit adapté par David Lynch. 3. Que Stéphane Foenkinos appelle la jeune, belle et talentueuse comédienne Brigitte Lo Cicéro, et la révèle au public pour son premier grand rôle.

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