Histoire/France 9 janvier Alain Blondy

« N'est grand en Russie que celui à qui je parle et uniquement pendant que je lui parle. » Ça commence mal pour Paul 1er (1754-1801). En cinq ans d'emphase - le temps de son règne - il a peu fait et beaucoup dit. Déjà jeune tsarévitch, il était « soupçonneux, susceptible et colérique ». Sa mère, la Grande Catherine, lui répétait qu'il était un bâtard. Elisabeth Vigée-Lebrun l'habille aussi pour l'hiver dans ses Souvenirs : « Un nez camard et une forte grande bouche, garnie de dents très longues, le faisaient ressembler à une tête de mort. » À cheval entre le XVIIIe et le XIXe siècle, le tsar chevalier ne pouvait que chuter de haut, malgré son titre de grand maître de l'Ordre de Malte. Ses assassins, des soudards qui le frappèrent avec une tabatière avant de l'étrangler, furent également médiocres.

De cette destinée peu glorieuse, Alain Blondy tente sinon la réhabilitation du moins le portrait psychologique de l'homme qui envisageait de faire alliance avec la République française de Bonaparte pour se partager l'Europe contre les Anglais, sans succès. Sa biographie, de construction classique, est alerte dans le propos. On ne s'ennuie pas à suivre cette « personnalité fracassée », ce « personnage composite » d'une haute intelligence qui agissait comme un fou. Un rock tsar. Laurent Lemire

Alain Blondy
Paul Ier
Perrin
Tirage: 3 500 ex.
Prix: 24 euros ; 386 p.
ISBN: 9782262078775

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