C'est dans l'univers des classes préparatoires du lycée Louis-le-Grand à Paris, qu'il connaît à la perfection pour y être sans doute passé lui-même, qu'Emmanuel Arnaud a situé Le théorème de Kropst. Laurent Kropst est un taupin, en d'autres termes un lycéen de classe préparatoire scientifique. S'il est bon élève, il n'est pas non plus un génie, ni un fils de polytechnicien hyperprivilégié, ni l'un de ces TS1, issus de la plus forte terminale scientifique du lycée, qui forment un petit clan soudé. Une élite sûre de sa valeur et de faire partie des "étoilés", avec une bonne chance de réussir ensuite le plus ardu des concours, l'X. Gratien, le rugbyman fonceur, Alexis, le surdoué méthodique et artiste, Spirikov, la tête chercheuse - qui finira major de leur année - et quelques autres composent cette petite aristocratie, travaillent, vivent et mangent ensemble au réfectoire. Toujours à la même place et selon la même hiérarchie : on les surnomme "la Cène".
Laurent, lui, n'est d'aucun clan. Il travaille bien, parce qu'il est doué d'une intuition pour les maths. Mais c'est aussi un garçon cultivé, modeste, ouvert sur d'autres domaines que l'inhumain "bourrinage" auquel les taupins sont soumis. D'ailleurs, à la cantine, il a osé frayer avec des khâgneux ! Mélanie's, une fille de grands bourgeois aussi belle que tendre et pleine d'humour, sa copine Claudia (prépa HEC) et un petit groupe de zozos farfelus, bien plus marrants que les taupins ! Laurent tombe amoureux de Mélanie's, et il se met à lire Proust... Mais la fin de l'année approche, les DS (devoirs surveillés) se succèdent, et Laurent doit à tout prix être "étoilé". Même en mentant un peu, mais en prenant surtout conscience de son potentiel, et confiance en lui, merci Mélanie's.
On laissera au lecteur le plaisir de découvrir tous les rebondissements et la fin de ce roman drôle et décalé, tranche de vie générationnelle mais aussi étude de moeurs.
Emmanuel Arnaud écrit avec élégance et vivacité, et certains cours de maths ou de philo sont irrésistibles. Tous les anciens khâgneux et taupins de Louis-le-Grand s'y reconnaîtront, ce qui constitue un lectorat potentiel.
