28 février > Jeunesse France > Marion Duval

"Deux petits poissons rouges parfaitement synchronisés" : c’est ainsi que le prof de piscine parle des jumelles Adèle et Louison. Pourtant, elles ne sont pas toujours ex aequo. Au tracé des petits cailloux, c’est Adèle qui gagne, et au lancer, c’est Louison. Un jour, pour faire passer le temps alors qu’elles attendent leurs parents, elles se livrent à leurs jeux favoris, faire des longueurs à la brasse sur les lignes du parking, s’asseoir sur un gros caillou et se croire sur une île… Ras le bol de poireauter, sur un coup de tête Louison décide de rentrer à pied toute seule en lançant derrière elle son cri fétiche : "Première arrivée !" Mais voilà que le beau ciel vire à l’anthracite. "Egoïste !" crie Adèle à sa sœur. "Froussarde !" lui hurle en retour Louison qui est déjà loin. Peu à peu, le noir et le danger de l’orage les encerclent, mais l’une n’est pas là pour rassurer l’autre. Qu’importe, elles se parleront via un dialogue télépathique. L’aventure se termine, le ciel est redevenu serein et les querelles des jumelles reprennent de plus belle, tendres et complices. Pour nous parler de l’amour plus fort que toutes les fâcheries et rodomontades du monde, Marion Duval trempe sa plume dans une encre sobre, qui a l’économie du haïku, profond et délicat, mais prosaïque et naïf. L’illustration est de toute beauté, la silhouette mutine des jumelles se découpe sur fond de beaux ciels roses, bleu pâle ou noirs qui occupent la moitié de la page. Alentour le paysage urbain est minimaliste, réduit à un bâtiment municipal, quelques pavillons, un immeuble à la fenêtre duquel se découpe l’ombre d’un couple qui s’embrasse. Grâce soit rendue à cette Marion Duval qui connaît si bien l’enfance. Fabienne Jacob

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