Disparition

Silence pour le musicien Michel Legrand

Michel Legrand, musicien - Photo DR

Silence pour le musicien Michel Legrand

Le compositeur et jazzman Michel Legrand, l'un des musiciens français les plus connus dans le monde grâce à ses partitions pour le cinéma, est mort cette nuit à l'âge de 86 ans. Il venait de sortir son autobiographie.

Par Vincy Thomas,
avec afp Créé le 28.01.2019 à 16h56

"Géant de la musique": Michel Legrand, trois fois oscarisé et célèbre créateur des thèmes de films comme Les parapluies de Cherbourg, Les demoiselles de Rochefort, L’affaire Thomas Crown, La piscine, Peau d’âne, Un été 42 ou Yentl, est décédé dans la nuit à Paris à l'âge de 86 ans.

Celui dont la carrière de plus de 50 ans lui a valu une renommée internationale "s'est éteint chez lui à 03H00 du matin aux côtés de son épouse la comédienne Macha Méril", a indiqué son attaché de presse à l'AFP.

Musicien touche-à-tout, il a travaillé avec les plus grands, de Ray Charles à Orson Welles, en passant par Jean Cocteau, Frank Sinatra, Charles Trenet et Edith Piaf. Françoise Sagan l’avait défini ainsi en 1972 : "Michel s’exclame naturellement, inépuisablement sur tout : sur l’amour, sur la vie, sur le chagrin, sur l’incroyable bonheur qu’il a lui-même d’être depuis toujours suivi, persécuté, adoré par sa folle maîtresse : la musique."

En plus de trois Oscars, il empoché cinq Grammys et composé pour des orchestres, pour le jazz ou encore le cinéma grâce à un énergie intarissable.

Le ministre de la Culture, Franck Riester, a salué un "compositeur de génie" à l'"inépuisable talent". Michel Legrand était connu mondialement avec ses musiques de films mais aussi ses enregistrements de jazz. Son album I love Paris, en 1954, se vend à 8 millions d’exemplaires aux Etats-Unis. Avec le cinéma, il compose aussi plusieurs « tubes » dont The windmill of your mind, repris par des dizaines d'artistes au fil des décennies, et The way he makes me feel par Barbra Streisand, qui finissent disques de platine et au top des classements américains.
 
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D'abord accompagnateur et arrangeur pour des chanteurs, Michel Legrand avait commencé à composer des musiques de films dans les années 60 avec l'émergence de la Nouvelle vague, travaillant pour Agnès Varda, Jean-Luc Godard, mais aussi Jacques Deray, Jean-Paul Rappeneau et surtout Jacques Demy.

Il écrivait aussi des musiques pour des séries animées et le fameux jingle horaire de RTL. Ces dernières années, il avait mis de côté la musique de films, après avoir composé 150 partitions pour le cinéma, pour faire revivre ses créations en concert, et enregistré des nouvelles créations, avec des voix lyriques le plus souvent comme Natalie Dessay. Durant cet automne, il a aussi contribué à une version scénique au théâtre Marigny de Peau d’âne.

Plusieurs livres évoquent son parcours, son travail. Macha Méril avait raconté son couple et son histoire d’amour avec le compositeur dans Michel et moi (Albin Michel, 2017). Il s’était raconté dans une première autobiographie, Rien n’est grave dans les aigus (Cherche Midi, 2013), prix du Meilleur livre français sur le cinéma 2013 remis par le Syndicat de la critique de cinéma.

En août dernier, il a publié, chez Fayard, une nouvelle version de cette autobiographie J’ai regret de vous dire oui, où il mêle ses souvenirs et ses projets avec humour et gravité, et toujours cette liberté du jazzman.

Elle comprend notamment une préface du cinéaste Damien Chazelle (La La Land). "Sa science du contrepoint était ahurissante. La musique ne redoublait jamais l’image, elle cherchait plutôt à créer des émotions paradoxales, contradictoires, à révéler une autre vérité", rappelle le cinéaste oscarisé, qui se souvient comment sa vie et son inspiration ont basculé le jour où il a découvert Les parapluies de Cherbourg.

"Comme certains dieux hindous, Michel est un être multiforme. On a l'impression qu'aucune discipline musicale ne lui résiste", écrit le compositeur Stéphane Lerouge en avant-propos de l’autobiographie. "Le jour où l'on fera le point sur son apport à la musique, ajoutait-il, on découvrira un créateur que la France a peut-être sous-estimé."

Stéphane Lerouge ajoute que Michel Legrand "pianote à tout instant sur un coin de table ou un accoudoir. De sa naissance à sa mort, il portera toujours en lui cette pulsion de musique, cette créativité sans cesse en ébullition, prête à jaillir."
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