17 août > Roman France > Sophie Fontanel

En juin 2015, à 53 ans, Sophie Fontanel, se sent "bancale et fragilisée" depuis son départ du magazine Elle où elle travaillait depuis quinze ans. La chroniqueuse de mode caustique, qui raconte dans La vocation (Robert Laffont, 2015) comment elle a hérité de sa grand-mère arménienne le goût des beaux vêtements, cherche un nouvel élan. Le déclic arrive sous la forme d’une longue chevelure toute blanche illuminant une inconnue croisée sur le port de Saint-Tropez. Le blanc, c’est beau, découvre la quinquagénaire, qui a recouvert il y a près de trente ans la mèche de neige qui striait ses épais cheveux noirs. Et la décision est prise : elle va cesser de les teindre. Le roman est le journal amusé et sérieux de cette mue. Le récit d’une aventure où il s’agit d’avoir la patience mais surtout "la curiosité" d’attendre sans intervenir, d’accepter d’être "zèbre" pendant des mois et qui se vit en public, suscitant commentaires encourageants ou consternés.

Un geste futile et dérisoire ? Peut-être. Pourtant, comme dans L’envie (Robert Laffont, 2011), qui présentait l’abstinence sexuelle comme un acte d’insubordination, cette histoire de cheveux blancs est encore une affaire d’insoumission. Ici se jouent des questions aussi cruciales et largement partageables que la liberté de vieillir comme on veut, en refusant les diktats. Mais, pour l’écrivaine, s’autoriser toutes les nuances de gris va aussi plus loin que le désir d’assumer son âge. C’est "Faire du neuf avec du vieux", se réinventer. Une renaissance. C’est choisir d’"apparaître". D’avoir le courage d’être seule à être soi. Régénérant programme, peut-être moins radical et dérangeant que de cesser volontairement de faire l’amour, mais plus efficace et durable qu’un lifting, assure Sophie la Blanche. V. R.

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