7 janvier > Premier roman France

Derrière ce titre long, Comment les grands de ce monde se promènent en bateau, se dissimule un premier roman peu commun, aussi érudit que farfelu, où l’on tisse un lien plus qu’improbable entre Cuauhtémoc, le dernier empereur aztèque, et Soliman (ou Suleyman) le Magnifique, illustre calife ottoman, qui fut l’ami de François Ier et l’ennemi de Charles Quint. Et justement, c’est à cause de Charles Quint, envoyant certains de ses sujets conquérir l’Amérique du Sud, que Mélanie Sadler a pu imaginer cette histoire, cocktail réjouissant d’Umberto Eco et d’Indiana Jones.

Tout commence à Buenos Aires, quand le professeur Javier Leonardo Borges, un vieil atrabilaire mégalomane, spécialiste de la fin de l’Empire aztèque, part pour Mexico, sur la piste d’un manuscrit où il est expliqué comment Cuitláhuac, prince aztèque vaincu par les conquistadores, aurait expédié par la ruse son jeune frère Cuauhtémoc vers l’Occident, pour "sauver la race". Au terme d’un certain nombre de tribulations, le gamin à présent jeune homme aurait débarqué à Istanbul. Là, devenu le janissaire Ali, il aurait sauvé la vie du calife Selim, lequel l’aurait alors adopté, le baptisant Suleyman. Celui-ci, plus tard, raconte son destin à la belle Roxelane, son épouse favorite, femme de tête et fine politique, et lui explique que c’est par esprit de vengeance, en tant qu’"ancien Aztèque", qu’il a tenté de tuer Cortès dans Alger assiégé…

Pour confirmer cette découverte majeure, Borges a recours à son collègue Hakan, d’Istanbul, qui va mener une chasse à la preuve, des lettres de la main même de Cortès jusqu’au peri de Shah Quli, qui aurait été dicté par Soliman.

Universitaire spécialiste de l’histoire de l’Argentine, Mélanie Sadler signe un roman drôle, enlevé et sans gras. Le lecteur, lui, se prend à rêver à cette uchronie : et si Cuauhtémoc, dont on ignore tout de sa mort, avait survécu, le sort du monde en aurait-il été changé ? J.-C. P.

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