Librairies Fontaine

Sylvie Maillet, de l’histoire de l’art à l’art de la librairie

olivier dion

Sylvie Maillet, de l’histoire de l’art à l’art de la librairie

Avec la reprise, le 1er avril, de Fontaine Villiers (Paris 17e), Sylvie Maillet se retrouve à la tête d’un réseau de sept librairies. Portrait d’une femme de terrain qui a redonné une nouvelle jeunesse à une enseigne historique.

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Par Clarisse Normand
Créé le 25.03.2016 à 00h30 ,
Mis à jour le 25.03.2016 à 08h12

Le 1er avril, Sylvie Maillet va reprendre la librairie Fontaine Villiers, dans le 17e arrondissement de Paris (1). A 47 ans, cette femme à la frêle silhouette et au sourire lumineux se retrouve à la tête de sept librairies Fontaine : six à Paris et une à Apt, dans le Luberon. Un ensemble de 6,7 millions d’euros de chiffre d’affaires et 35 salariés. "C’est très excitant de reprendre cet établissement. Non seulement il dispose encore d’un beau potentiel de croissance, mais je vais aussi pouvoir faire de la promotion interne", lâche Sylvie Maillet, qui a basé son management sur la responsabilisation de ses équipes. "Faire confiance à ses libraires est une des clés de la réussite. En témoigne l’échec des modèles de centralisation. La librairie, c’est de la dentelle", argumente celle qui a appris le métier sur le terrain, lors d’un remplacement en 1995 dans la librairie Fontaine Victor-Hugo, créée par son père Jean-Claude Maillet et son associé Christian Bon.

Fille de libraire

Pourtant, comme son frère devenu pilote d’avion, rien ne prédestinait Sylvie Maillet, diplômée d’un DEA en histoire de l’art, à devenir libraire. "Après une première expérience au musée du Louvre, puis à New York au Moma, je suis rentrée à Paris où j’ai cherché un travail dans le milieu de l’art. Mais c’est un univers très fermé, surtout si on n’est pas fille de… Pour patienter, je me suis tournée vers la librairie, puisque je suis fille de libraire et que j’ai toujours été une grande lectrice. Finalement, j’ai aimé ce métier et je n’en changerai pour rien au monde. Le livre et la librairie font partie de mon ADN."

C’est ainsi que, en 1999, elle succède à son père. Elle reprend alors les quatre librairies Fontaine du 16e arrondissement (Victor-Hugo, mais aussi Passy, Auteuil et Kléber). Depuis, cette mère de deux enfants a aussi acquis, avant Fontaine Villiers, Fontaine Sèvres (Paris 7e) et Dumas, à Apt, devenu Fontaine Luberon. "Dumas est la librairie de ma jeunesse passée dans le Vaucluse. Cela faisait sens pour moi de la racheter. Mais je n’ai pas de volonté d’expansion territoriale. Aujourd’hui, j’ai sept magasins : c’est un beau chiffre." Si, en chef d’entreprise avisée, Sylvie Maillet voit sa comptable tous les mercredis, elle n’entend pas pour autant perdre le contact avec le terrain. "C’est ce qui fonde la légitimité", souligne celle qui est aussi responsable au quotidien de Fontaine Sèvres.

Esprit d’équipe

"Passionnée par le commerce, elle a donné un vrai dynamisme aux librairies tout en renforçant la cohésion d’ensemble", analyse Laurent Arnal, salarié depuis 1978 et responsable de Fontaine Victor-Hugo. "Elle réunit toutes les qualités d’un bon manager et d’un bon libraire, et en plus elle est charmante, agréable, cultivée", renchérit Marieke Benetti, représentante d’Albin Michel à Paris depuis vingt-huit ans. Aussi discrète que dynamique, Sylvie Maillet peut se féliciter de la bonne santé financière et commerciale de ses librairies, qui ont enregistré en 2015 un chiffre d’affaires en hausse de 5,5 %. Modeste, elle met en avant ses équipes. "Ce sont les libraires qui font le chiffre d’affaires et qui, ensuite, me permettent de bien les payer." Pour elle, cet esprit d’équipe est le fondement de Fontaine. "La mutualisation est à la base des magasins Fontaine. L’objectif initial était d’avoir des librairies de quartier performantes en mutualisant certains frais (papier cadeaux, comptabilité)." Naturellement impliquée dans les actions collectives, Sylvie Maillet est présente au conseil d’administration du Syndicat de la librairie française, mais aussi à celui de Paris Librairies, et elle a rejoint Leslibraires.fr. "Notre groupe ne suffit plus. Il faut des solutions collectives. C’est ce qui permet aujourd’hui à la librairie d’avoir une image moderne."

(1) Voir LH 1068 du 15.1.2016, p. 30.

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