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Thierry Bellefroid bouscule les codes de l’émission TV littéraire

Thierry Bellefroid anime l'émission littéraire belge "Livrés à domicile". Metz, festival Littérature & Journalisme 2014. - Photo Souen Léger

Thierry Bellefroid bouscule les codes de l’émission TV littéraire

Journaliste et écrivain, Thierry Bellefroid anime à la télévision belge "Livrés à domicile". Invité par le festival Littérature & Journalisme de Metz, qui se tient du 10 au 13 avril 2014, il nous parle de son émission littéraire qui sort du plateau pour s’inviter chez les lecteurs. 

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Par Souen Léger, Metz
Créé le 13.04.2014 à 17h16

Il est en quelque sorte le François Busnel de Belgique. Mais il serait réducteur de s’en tenir à cette simple comparaison. Thierry Bellefroid, journaliste et écrivain, fait partie des modérateurs du festival Littérature & Journalisme de Metz. Deux univers qu’il rapproche depuis plusieurs années à la RTBF (Radio-Télévision belge de la Communauté française) où il a été présentateur du journal de 13 heures puis de l’émission littéraire "Mille-feuilles".

C’est en 2011 que le journaliste secoue les codes des programmes littéraires avec "Livrés à domicile". Plutôt que d’être reçus très cérémonieusement sur un plateau, les auteurs sont invités au domicile des lecteurs où se déroule toute l’émission.
La source média référencée est manquante et doit être réintégrée.
"Nous avons eu envie d’éclater le plateau. En France comme en Belgique, tout le monde est centré sur le modèle d’ "Apostrophes" qui peut être excluant pour le spectateur et qui impose une certaine vision du bon goût", estime Thierry Bellefroid que nous avons rencontré entre deux rendez-vous du festival. "Parfois, cela ressemble presque à du mépris pour le public qui ne peut que noter les livres à aller acheter", poursuit-il.

Tout repose sur le casting. Au sein de l’équipe, une dénicheuse de lecteurs se déplace chez les candidats potentiels où elle conduit un entretien de trois heures et prend des photographies de leur lieu de vie. Une étape cruciale qui permet d’établir une fiche d’identité du lecteur et de vérifier que son domicile est assez grand pour accueillir quatre caméras lors du tournage. "On procède à des "mariages forcés" entre les auteurs et les lecteurs qui ne sont pas forcément fans de l’écrivain invité. Autrement, ce serait de la téléréalité", explique Thierry Bellefroid.

L’émission, diffusée tous les lundis à 22h50, commence invariablement devant la bibliothèque de l’hôte. "Le lecteur devient chroniqueur en nous parlant de ses coups de cœur, des livres qui l’ont marqué", précise le journaliste. Vient ensuite la chronique "Mauvais genres" animée par Michel Dufranne : "C’était une volonté d’affirmer le mauvais genre, que ce soit le polar, le thriller ou la fantasy, car ces genres n’ont  pas voix au chapitre dans les émissions littéraires". Mais le point d’orgue de "Livrés à domicile" est sans aucun doute la rencontre entre l’auteur et le lecteur, un dialogue direct qui permet de sortir de l’entre-soi et du traditionnel face-à-face entre écrivains et journalistes spécialisés.

 "Mon rôle est d’équilibrer cet échange, d’adoucir un peu les choses si ça ne passe pas très bien pour l’auteur, et d’être un peu plus incisif si ça devient trop flagorneur", confie Thierry Bellefroid. Parfois, les auteurs sont en difficulté – ce fut le cas pour Régis Jauffret, confronté à un lecteur qui n’avait pas du tout adhéré à Claustria – mais ils sont séduits par l’esprit de l’émission qui les pousse dans leurs retranchements.
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Grand passionné de bande dessinée, Thierry Bellefroid tient aussi une chronique BD dans "Livrés à domicile". Spécialiste du genre, c’est lui qui a animé, samedi 12 avril, le grand entretien avec  René Pétillon. Avant de rejoindre l’auteur de L’enquête corse, il est revenu sur les liens entre littérature et journalisme.

"La littérature peut montrer aux journalistes ce que c’est que prendre de la distance, prendre du temps pour travailler - ce dont manquent cruellement les journalistes aujourd’hui - et ce qu’apporte parfois un point de vue revendiqué, considère Thierry Bellefroid, nous, journalistes, serions peut être davantage pris au sérieux si nous affirmions notre subjectivité, et là-dessus, les écrivains ont beaucoup à nous dire".

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