20 août > roman France

Avant d’entrer au catalogue des éditions de Minuit avec Volley-ball (1989), Christian Oster avait signé au Fleuve noir trois polars que l’on souhaite un jour voir réédités : La pause du tueur, Le fou sur la colline et Noctambule. Son nouveau roman à paraître à L’Olivier, Le cœur du problème, est lui aussi une manière de polar. A la sauce Oster, on s’en doute.

Un vendredi, alors qu’il rentre chez lui, Simon trouve un homme mort dans le salon, allongé sur le ventre. Le narrateur et héros de l’auteur de Mon grand appartement (Minuit, 1999, prix Médicis, repris dans la collection "Double") et de En ville (L’Olivier, 2013, prix Landerneau, repris chez Points) habite désormais à la campagne avec sa femme, Diane. Une maison avec jardin, dont l’une des chambres est équipée d’une mezzanine, d’où semble justement être tombé l’inconnu.

Médecin à l’hôpital où elle est le "docteur Eckart", Diane se trouve sur les lieux. Pas prostrée dans un coin, non, mais en train de prendre son bain. Elle explique à Simon avoir rangé sa voiture dans la dépendance, ce qu’elle ne fait pourtant jamais. La dame ne se montre pas causante, plutôt fuyante. Et prend d’ailleurs bien vite la poudre d’escampette sans donner trop d’explications. Que faire en pareille situation, se demande alors Simon ?

Appeler son ami Paul qui l’agace et le touche ? Ce Paul qui exerce "un métier obscur, à base de conseil" auprès d’entreprises obscures elles aussi ? Justement, il sonne à sa porte afin de lui faire découvrir une série dont le héros est un assassin ! Se servir un verre semble être un bon départ pour Simon. Un type dont on apprend qu’il a une formation d’historien et gagne sa vie comme conférencier spécialiste en Moyen Age. Une profession qui ne paye pas trop mal et laisse du temps. Simon ne sait comment procéder avec le corps encombrant. Pour le garder au frais, il envisage d’acheter des pains de glace à Ikea. Puis y renonce. Le lecteur ne quitte pas d’une semelle celui qui est désormais obligé de se battre avec les ombres, tourmenté par ce qu’il traverse et ce qu’il ressent. Simon, on l’accompagne à la gendarmerie, à Jardiland, à Paris. Aussi lorsqu’il croise nuitamment des kangourous, explose sa télévision avec une barre à mine, joue au tennis avec Henri, un gendarme qui prend tout juste sa retraite.

Comme à sa bonne habitude, Christian Oster emballe l’affaire avec son art inimitable du flottement, de l’entre-deux. Sa manière de tirer le meilleur parti des bifurcations et des situations étranges. Alexandre Fillon

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