12 JANVIER - RÉCIT France

Franz-Olivier Giesbert- Photo CATHERINE HÉLIE/GALLIMARD

De livre en livre, Franz-Olivier Giesbert dévoile un peu plus à ses lecteurs quelques facettes d'une personnalité plus que multiple et complexe. Cette fois, face au cynisme et au matérialisme dominants, il a décidé de traiter de Dieu, de sa foi - pour le moins "syncrétique" -, avec une sincérité et une sorte de dépouillement littéraire, tout en finesse. Ce faisant, il rend aussi un hommage pudique et émouvant à sa mère morte il y a plus de vingt ans. Cette mère, professeure de philosophie au lycée d'Elbeuf, dont il fut l'élève par deux fois (pour cause d'échec au bac et de redoublement de la terminale), et qui lui a transmis ce qu'il appelle joliment "le gène du christianisme ». Ce "lycéen chrétien, surréaliste et obsédé sexuel », comme il se définit rétrospectivement, a, depuis lors, vécu et affiné sa foi.

Catholique avec la foi du charbonnier, n'éprouvant aucun doute sur l'existence d'un "Dieu-Univers », plutôt que du Dieu-Créateur de la Bible et des dix commandements, qu'il n'aime guère, Giesbert a passé sa vie à approfondir sa culture chrétienne, philosophique morale - et littéraire, dévorant tout en boulimique, de saint Augustin à Georges Bataille, en passant par François d'Assise, Spinoza, Jack Kerouac et bien d'autres, qui l'ont aidé à mûrir sa réflexion, guidé dans sa quête, et lui ont tous apporté un petit quelque chose qui lui a permis de se façonner. Non sans errements et métamorphoses. Comme lors de sa période "beatnik" où il "fait le Kerouac », devenant alors lui aussi "un catholique, alcoolique et lunatique ».

Dieu, ma mère et moi, c'est le bréviaire d'un drôle de paroissien, qui, dans chaque oeuvre, pensée ou doctrine, en prend et en laisse, et se fabrique sa propre religion : une espèce de panthéisme sensuel, d'enthousiasme permanent face à l'univers, de mysticisme béat. Et FOG de reprendre à son compte la sublime devise de sainte Thérèse de Lisieux : "Je choisis tout. » Qui n'a jamais parlé à un caillou, à un parapluie ou à un ver de terre lui jette la première pierre. Justement, les animaux tiennent une place fondamentale dans la foi de Giesbert. Végétarien comme son maître Plutarque, auteur de Trois traités sur les animaux - moins connus que ses Vies parallèles -, comme le Poverello, qui considérait tous les animaux comme des créatures de Dieu, donc ses frères, le journaliste-écrivain a opté pour le siècle où il a mené la brillante carrière que l'on sait. Mais sans être dupe des "charmeresses blandices » du monde profane. Il n'est pas sans éprouver, à l'en croire, la tentation du renoncement, de la sainteté.

Il aimerait en tout cas, à l'image de sa mère supportant stoïquement le cancer et trouvant encore le courage, sur son lit de mort, de disputer philosophie avec son turbulent rejeton, pouvoir dire, au moment ultime, ces simples mots que Jean d'Ormesson a choisis pour titre d'un de ses plus beaux livres : "C'était bien. »

Les dernières
actualités