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Un éditeur espagnol va reproduire le "manuscrit de Voynich"

Section du "manuscrit de Voynich" consacrée à l'herboristerie, avec des illustrations de plantes.

Un éditeur espagnol va reproduire le "manuscrit de Voynich"

Ecrit il y a près de six cents ans dans un alphabet réputé indéchiffrable, le "manuscrit de Voynich" va être reproduit à l'identique par une maison d'édition espagnole. Prix de vente unitaire : entre 7000 et 8000 euros. 

Par Pierre Georges,
avec AFP Créé le 23.08.2016 à 18h11

L'un des documents les plus énigmatiques au monde va être reproduit en fac-similé en Espagne : le manuscrit dit "de Voynich", écrit sur un parchemin médiéval dans une langue que les plus grands cryptographes ne sont jamais parvenus à déchiffrer. Une petite maison d'édition basée dans le nord de l'Espagne, Siloe, a finalement obtenu l'autorisation de le reproduire à l'identique et d'en diffuser près d'un millier de copies, après dix ans d'efforts.

Ce manuscrit, considéré comme l'un des plus vieux livres du monde, est illustré de dessins représentant des plantes inconnues et écrit dans une langue incompréhensible, qui alimente les fantasmes et divise les chercheurs. L'ouvrage, altéré par le temps, ne sort que rarement du coffre-fort de la bibliothèque Beinecke, de l'université de Yale, aux Etats-Unis.

"Toucher le Voynich, c'est vraiment quelque chose, explique à l'AFP Juan Jose Garcia, directeur de Siloe. C'est un livre entouré d'une telle aura de mystère que le voir pour la première fois emplit d'une émotion vraiment difficile à décrire."

8 000 euros l'exemplaire

Spécialisée dans la publication de fac-similés de manuscrits anciens, Siloe a acheté les droits de reproduction, pour une somme gardée secrète, afin d'en diffuser 898 exemplaires, un chiffre qui se lit comme un palindrome et qui a été retenu pour cette raison par la petite maison d'édition. Celle-ci entend éditer un fac-similé si fidèle qu'il fera apparaître les taches, les trous et les déchirures qu'a subis le vieux parchemin. 

Siloe vendra chaque exemplaire entre 7 000 à 8 000 euros et assure que près de 300 acheteurs en ont déjà réservé un. L'éditeur mettra 18 mois à fabriquer le premier, d'environ 200 pages et de la taille d'un livre de poche. 

Raymond Clemens, conservateur de la bibliothèque Beinecke, explique que Yale a décidé de céder les droits de reproduction de l'ouvrage "parce qu'un très grand nombre de personnes voulaient le consulter". Or "si nous laissons le manuscrit être manipulé aussi souvent, cela va le détruire".

La reproduction "permet aussi aux bibliothèques et musées de disposer d'une copie" et "nous-mêmes allons utiliser le fac-similé pour le montrer en dehors de la bibliothèque, aux étudiants et aux autres personnes intéressées", explique-t-il alors que sa bibliothèque reçoit chaque mois des milliers de courriels de personnes affirmant avoir levé le mystère. 

Premières en France à s'intéresser à ce manuscrit, les éditions Gawsewitch en avaient publié une édition en 2005, puis une seconde en 2011, toutes deux épuisées. 

Un manuscrit indéchiffrable depuis le XVe siècle 

Les théories abondent sur le mystérieux auteur de ce manuscrit, qui tire son nom de sa découverte par l'antiquaire Wilfrid Voynich, vers 1912 en Italie. Son existence avait déjà été mentionnée dans une correspondance du XVIIe siècle.

Pendant longtemps, il fut présenté comme l'oeuvre d'un moine franciscain du XIIIe siècle, l'Anglais Roger Bacon, que son intérêt pour l'alchimie et la magie conduisit en prison. Mais cette théorie a été rejetée en 2009, quand le manuscrit a été soumis à une datation au carbone 14, selon laquelle il aurait été fabriqué entre 1404 et 1438.

Son contenu reste en tout cas des plus énigmatiques, et les plantes qui y sont dessinées n'ont jamais été identifiées, sauf par l'archéologue Indiana Jones... dans un roman. 

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