Tarbes

"Encore Leclerc ! C’est la réaction de nombreux Tarbais face à l’ouverture d’un nouvel espace culturel", assure Florence Andrieu de la librairie Les Beaux Jours, à Tarbes. Déjà présente en périphérie, dans la galerie commerciale du centre Leclerc d’Ibos, avec un magasin performant de 1 850 m2 dont 500 m2 pour la librairie (3,5 millions d’euros de CA livres), l’enseigne Espace culturel E. Leclerc (ECL), sollicitée par la mairie, ouvrira en avril un point de vente de 250 m2 dans l’hyper-centre de Tarbes. Appelé à combler le vide laissé par Chapitre-Privat-Leiris, disparu en 2014, celui-ci dédiera 80 % de son espace aux livres. Un concept inédit au sein du réseau, qui répond à la faible surface du local. Proposant aussi des sélections de CD et DVD et un service de billetterie, le point de vente s’appuiera sur celui d’Ibos pour assurer une partie des demandes. Car la présence de Leclerc à Tarbes est aussi une histoire de famille. Davy et Brice Saint-Laurent, cogérants du futur ECL et du centre Leclerc d’Ibos, ne sont autres que les fils des fondateurs de ce dernier, et les neveux de Nicole Bélit, créatrice des espaces culturels Leclerc.

L’arrivée de l’enseigne ECL dans le centre de Tarbes (100 000 habitants avec son agglomération) suscite des inquiétudes plus ou moins fortes chez les librairies indépendantes, en particulier les deux généralistes, Les Beaux Jours et Gribouille. Située dans la même zone, et très inquiéte, Gribouille, ancien Maxi-Livres transformé en librairie généraliste depuis 2006, a entamé d’importants travaux qui lui permettront, dès avril, de proposer un local agrandi de 70 à 80 m2 réaménagé avec une vitrine fermée. "Une coïncidence, assure Pascal Pitout, cogérant avec sa femme Marie-Laure, car ces travaux étaient programmés depuis longtemps." Aux Beaux Jours, qui, installée dans un autre quartier, propose un fort rayon littérature (80 m2, près de 500 000 euros de CA en 2016), Florence Andrieu reconnaît "une petite inquiétude" après avoir vu son activité "exploser depuis 2014". Enfin, chez le troisième indépendant de la ville, BDvore, spécialiste BD créé en 2004 (200 000 euros de CA annuel), Serge Bienvenu, son fondateur et gérant, admet qu’il y a de la place pour un nouveau généraliste, mais il s’étonne du choix de la mairie d’avoir privilégié une grande enseigne plutôt qu’un indépendant. Un choix aujourd’hui fréquent dans de nombreuses villes moyennes de province.

Clarisse Normand

24.02 2017

Les dernières
actualités